Est-il impossible de trouver aujourd'hui un livre moderne dédié aux GVC ? Je n'ai pas connaissance de l'existence d'un tel ouvrage à ce jour, et même difficile de trouver un simple chapitre consacré aux GVC, en fait il ne subsiste d'eux, dans les publications actuelles dans lesquelles j'ai pu les repérer, souvent que des traces infimes, tellement infimes que même ceux qui osent écrire sur le sujet se contentent souvent de le faire de façon très approximative ou même erronée.
Comme vous allez pouvoir le constater à la lecture des premières revues de livres de cette rubrique, la faiblesse des sources modernes est éloquante et se résume parfois à une simple photographie noyée dans la masse de tout un livre, parfois sans même une légende indiquant que les hommes photographiés sont des GVC, dans chaque cas, j'ai essayé dans mes commentaires, d'apporter les précisions utiles sur les GVC.
Editions OUEST-FRANCE dépôt légal mars 2010 - TEXTE Jean-Pierre Verney - IMAGES Musée de la Grande guerre du Pays de Meaux.
Ce recueil regroupe 100 photographies ou illustrations publiées sur du papier cartonné de type carton carte postale mais au format 13,5 cm sur 21 cm, il s'agit de reproductions de cartes postales ou cartes photos anciennes touchant à divers aspects du conflit, divers belligérants et les diverses années de la guerre.
Chaque vue est accompagnée au verso d'un petit paragraphe descriptif, en général clair et succinct.
Le GVC apparaît dès la sixième vue : une magnifique photographie d'un homme debout portant les équipements prévus pour les GVC : un fusil, une baïonnette, un ceinturon, mais aussi une petite musette en partie masquée sous son avant-bras gauche, et, fait plus rare sur les photos de GVC, il porte sa couverture en bandoulière sur une épaule, pour la tenue l'homme porte veste et pantalons blancs d'exercice réglementairement attribués aux GVC qui ne sont pas en poste dans les zones supposées directement exposées aux incursions de l'ennemi, il porte un képi d'infanterie marqué au N°76 ainsi qu'un brassard de GVC de type tricolore.
Une annotation manuscrite sur la photographie précise la classe de l'homme : 1888, son nom, ainsi que la mention « garde voies ».
La légende portée au dos de la photographie est la suivante :
« Un vieux mobilisé du 76e régiment d'infanterie territoriale
Ce garde-voies, dont le régiment est mobilisé à Vitré, est de la classe 1888. Il est donc né en 1868 et en ce début de guerre il est âgé de 47 ans. En 1914, les vieux territoriaux sont surtout utilisés à l'arrière pour garder les voies de communications, les locaux et enceintes militaires et les lieux stratégiques. »
Si ce commentaire général est correct l'identification de l'homme comme un soldat mobilisé à Vitré avec le 76e régiment d'infanterie territoriale (76e RIT) est discutable :
la carte photo a été postée en 1914 et porte un timbre avec tampon d'expédition de la poste de Pavillons sous Bois en région Parisienne.
le chiffre 76 du képi apparaît en blanc sur la photographie mais ce n'est peut-être pas le chiffre blanc du 76e RIT, en effet une pratique courante consistait à blanchir à la craie les numéros de képis ou de col pour les rendre visibles sur les photographies en noir et blanc de l'époque, il pourrait s'agir ici du numéro blanchi du 76e régiment d'infanterie d'active ( en 1914 caserné à Paris avec dépôt à Coulommiers).
Les GVC selon les instructions décrivant leurs tenues devaient être dotés en premier lieu de képis de la collection d'instruction du régiment d'active de leur subdivision de recrutement, ces képis comportaient des signes distinctifs permettant de les reconnaître, au cas présent une petite pastille circulaire de couleur claire visible au dessus du chiffre 76 désigne bien le képi de notre homme comme un képi de ce type, il s'agit donc bien d'un képi du 76e régiment d'infanterie de Paris et non pas un képi du 76e RIT de Vitré.
Au vu du réexamen de cette photographie et l'éclairage des éléments ci-dessus notre GVC n'est donc pas un Breton du 76e RIT de Vitré, mais plutôt un Parisien de la zone de recrutement du 76e régiment d'infanterie d'active, son brassard tricolore également lui donne statistiquement plus de chance d'être dans la zone dite du camp retranché de Paris qu'aux alentours de Vitré (nous verrons celà lors d'un futur article sur les brassards des GVC).
Au delà de cette question de localisation gardons à l'esprit que ce livre est l'un des très rares ouvrages modernes à publier une photographie de GVC qui plus est correctement légendée comme présentant un garde-voies !
Editions Verlag Militaria 2007 - par
Laurent Mirouze et Stéphane Dekerle
Un magnifique livre grand format de 520 pages sur l'armée française de 1914 grâce à plus de 1000 photographies couleurs des effets ou objets conservés dans des musées ou chez des collectionneurs, mais aussi plus de 300 photos d'époque, pour un passage en revue le plus complet possible de cette armée à l'entrée en guerre.
Cet ouvrage a été suivi en 2008 d'un Tome 2 traitant des uniformes depuis fin 1914 et l'introduction du bleu horizon jusqu'en 1918, ces deux tomes existent aussi en version anglaise et allemande, et constituent à ce jour l'ensemble de ce type le plus riche sur le sujet.
Le GVC est-il passé au travers de ce monument ? En
fait presque, il n'y est jamais mentionné, pourtant une photographie de
groupe dans le chapitre sur l'infanterie territoriale (p 148 à 159 du
Tome 1) figure page 158 avec la légende suivante : "Les territoriaux sont souvent mal équipés
et armés. Ils sont ici armés du fusil Gras modèle 1874, avec sa
baïonnette."
En fait le fusil modèle 1874 et une baïonnette sont exactement l'armement prévu pour les GVC, les hommes photographiés ne portent pas de numéros de képi blancs des unités territoriales mais des N° sombres non blanchis avec pour certains la petite pastille de collection d'instruction visible, on peut lire le N° 135 (régiment d'infanterie d'Angers) sur celui de l'homme au centre au premier plan, ce même homme est le seul à porter pour la prise de vue son brassard de GVC au bras gauche de type bleu sur lequel on peut voir le début de la première lettre en blanc, enfin la pancarte tenue par les hommes du premier rang localise le groupe "Poste de la Pidoucière Tiercé" (sur l'axe entre Angers et Sablé-sur-Sarthe).
Nous sommes bien face à un groupe de GVC aux tenues typiques : vestes blanches d'exercices ou capotes très usagées, sabots, képis de collection d'instruction du régiment d'infanterie d'active local...