GVC 14-18

Le service de la garde des voies de communication en France pendant la Première Guerre mondiale

HISTOIRE DES GVC

PRESENTATION GENERALE




Introduction générale


Mais qui étaient donc ces hommes ? D'apparence pas vraiment des jeunots ! Pour certains en sabots, vêtus en  majorité de vêtements civils, même sous la capote de fantassin pour l'homme au centre,  portant tout de même des armes, des képis militaires et tous pourvus d'un étrange brassard ?

En me posant ces questions à la vue de cette photographie acquise il y a quelques années, et surtout en cherchant à y apporter des réponses, je suis parti sans le savoir à la rencontre des gardes des voies de communication de la Première Guerre mondiale : les GVC !

Ces recherches, que d'ailleurs je poursuis encore, me permettent aujourd'hui de mettre en ligne ce site dédié aux GVC, dont les articles parcoureront leur histoire, en s'appuyant sur des photographies, des documents d'archive, des témoignages, qui sont parvenus jusqu'à nous.

Les futurs articles de cette rubrique "Histoire des GVC" parcoureront plus en détail les éléments présentés de façon générale ci-après :


Genèse du service des GVC

Après la cuisante défaite de 1870, la France de la troisième République entreprend une refonte totale de son organisation militaire de façon à constituer une armée capable d'assurer la défense nationale et de rivaliser avec les armées allemandes : augmentation significative des effectifs par différentes lois de recrutement aboutissant au service militaire universel, division du territoire en régions militaires servant chacune de socle à l'organisation d'un corps d'armée, élaboration de plans de mobilisation, etc.

L'importance stratégique des voies de communication notamment des chemins de fer pour les opérations sur terre est particulièrement prise en compte, et ce dès la mobilisation : moyen de transport des réservistes mobilisés vers leurs unités puis transport des unités vers la frontière le plus rapidement possible.

Durant toute la Grande Guerre, le train jouera un rôle capital, vers le front transport des troupes (dont les alliés), des munitions et des approvisionnements ; vers l'arrière transport des blessés, des prisonniers, des permissionnaires ; à l'arrière circulation des matières premières et marchandises nécessaires à l'économie du pays et à l'industrie de guerre.

En cas de guerre le rail constitue donc un axe vital dont il convient impérativement de protéger l'intégrité.

1887

La première instruction sur l'organisation d'un service de surveillance des voies ferrées à mettre en place en cas de mobilisation est publiée en 1887.

On ne parle pas encore de service de garde des voies de communication mais d'un service de police des voies ferrées et de leurs abords, pas encore de sections, groupes, et postes mais de groupes communaux, les hommes ne sont pas encore des gardes de voies de communication mais des gardes communaux.

Le service est déjà placé sous la direction des généraux commandant les régions militaires et leurs subdivisions territoriales, les effectifs sont déjà constitués par des réservistes de l'armée territoriale, il inclue déjà la surveillance des abords des voies ferrées et leurs ouvrages d'art ainsi que des lignes télégraphiques qui les bordent.

Le service est organisé en groupes communaux implantés dans chaque commune traversée par une portion de voie ferrée, un rôle assez important est attribué au Maire de cette commune, le groupe comporte un chef de groupe et un suppléant qui sont subordonnés au chef de la brigade de gendarmerie qui intervient également dans le dispositif.

1890

A partir de 1890 de nouvelles instructions réorganisent complètement le service sur de nouvelles bases qui seront celles en vigueur à la mobilisation de 1914 : le service est désormais désigné service de garde des voies de communications.

Il est toujours question d'assurer la sécurité des lignes de chemins de fer, mais aussi des canaux, des réseaux télégraphiques et téléphoniques nécessaires aux besoins des armées.

Le service est organisé par subdivision territoriale, le personnel est maintenant réparti en postes de garde positionnés le long des éléments à protéger (il ne s'agit plus de groupes communaux), ce personnel est sous commandement de sous-officiers et d'officiers de la subdivision (il n'y a plus de subordination au chef de brigade de gendarmerie).

Elément nouveau important : les nouvelles instructions prévoient la formation spécifique des hommes affectés à ce service qui doivent être convoqués dès le temps de paix, pour participer à des exercices de garde des voies de communication.

De 1891 à 1909

De nombreuses instructions complémentaires apportent des précisions détaillées ou des éléments complémentaires au système élaboré en 1890.

Apparaît également sur cette période la notion de service de garde des points importants du littoral (phares, sémaphores, guérittes d'atterrissement des câbles sous-marins, postes de torpilleurs, etc.) organisé par subdivision d'après les mêmes principes que le service de garde des voies de communications.

1910

En 1910 paraît l'instruction générale sur le service de garde des voies de communication, comportant les dispositions spéciales à la garde des lignes télégraphiques et des points importants du littoral, ainsi que quelques instructions de détail complémentaires.

Ces textes de 1910 font la synthèse générale des instructions publiées depuis 1890, représentatifs du service en vigueur au moment de la mobilisation de 1914.

1914 : mobilisation et premiers feux

A la mobilisation générale d'août 1914 le service de garde des voies de communication se met en place selon les plans d'organisation prévus, ses effectifs sont considérables : plus de 200.000 hommes pour tout le pays, soit plusieurs milliers d'hommes par région militaire.

Lors de la bataille des frontières les postes de GVC situés dans la zone de progression maximale des troupes allemandes sont pris dans la tourmente des combats et enregistrent des pertes, jusqu'au recul des allemands lors de la bataille de la Marne et la fixation du front dans les tranchées après la phase dite de "course à la mer".

Dans cette première période de la guerre, les postes de GVC sont en alerte maximale dans tout le pays, par crainte à la fois de sabotages à l'arrière du front, que d'infiltration de commandos ennemis venus du front, l'un de ces commandos du génie allemand, chargé de détruire des ponts de chemin de fer, progressant de nuit en voitures, est arrêté tout près de son objectif par des GVC des faubourgs de Rouen, ce sont sans doute les GVC les plus éloignés du front ayant été confrontés à des soldats allemands.

Le service durant la guerre

Au quotidien :

Dans tout le pays, dès les premiers jours de fonctionnement du service, les dangers des gardes le long des voies de chemins de fer se font jour, les accidents sont fréquents et plusieurs GVC sont mortellement percutés par des trains.

Par ailleurs, le service est émaillé d'incidents de toutes sortes : faits divers tragiques, zèle des GVC qui défraie parfois la chronique, prises en charge ou signalement par les GVC d'objets ou même des passagers tombés des trains, signalements de ruptures de câbles télégraphiques...

Evolutions constantes des effectifs :

A la mobilisation les hommes prévus pour assurer le servide de GVC complètent les postes selon les plans d'organisation du service préparé dès avant guerre.

Mais très vite, parfois au bout de quelques semaines ou quelques mois, les hommes les plus âgés sont renvoyés dans leurs foyers.

Avant même la fin 1914 les effectifs se réduisent considérablement, et cette tendance se poursuit pendant tout le conflit : les GVC les plus âgés sont renvoyés dans leurs foyers, tandis que les plus jeunes sont relevés pour être affectés à d'autres fonctions, d'un autre côté, de nouveaux hommes non encore appellés sont mobilisés et affectés au service, mais ils ne compensent jamais les départs.

Et par voie de conséquence révision des plans de garde et de l'organisation du service :

Il s'ensuit de très nombreux réajustements à la baisse des plans de garde et des diminutions du nombre de postes de garde tout au long du conflit.

On essaie toutefois dans la mesure du possible de maintenir en priorité la surveillance des ouvrages d'art sur les voies ferrées (ponts, viaducs, tunnels), avec dans certains cas un renforcement des moyens par rapport à la mobilisation : par exemple le viaduc de Mirville sur le territoire de la subdivision du Havre, est défendu en 1916 par 87 hommes, 2 mitrailleuses, des tranchées-abri et l'on envisage même d'y placer un canon de 90 !

Envois de GVC en renfort dans les régions proches du front :

Cette tendance ne doit toutefois pas affecter le service dans les régions proche du front qui doivent maintenir un niveau de protection des voies élevé, aussi début 1915 il est ordonné aux régions de l'arrière d'envoyer des renforts de GVC vers les régions plus proches du front.

A compter de ces transferts les GVC ne sont plus forcément en poste dans leur région de recrutement mais nombre d'entre eux arrivent en renfort dans d'autres régions.

Les ex-GVC exposés aux combats :

Les GVC relevés sont réaffectés sur toutes sortes d'emplois utiles à l'armée ou l'effort de guerre, ou vers des régiments de l'armée territoriale, parfois dans des organisations nouvelles particulières comme la brigade de marche des GVC relevés constituée en 1915 sur le secteur de Verdun et dont une partie occupera un secteur de tranchées début 1916.

Dans leur nouvelle affectation ces hommes sont ainsi parfois exposés aux combats.

Un service présent jusqu'à la fin de la guerre

Malgré une organisation et une étendue en constante évolution tout au long de la guerre, le service de garde des voies de communication est toutefois maintenu jusqu'à la fin du conflit, certains postes ne seront démentelés qu'en 1919.



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