Tout Français
soumis aux obligations militaires est en possession d'un livret
individuel à son nom, reçu lors de son service militaire, ce livret
comporte un fascicule de mobilisation, carton de 4 pages au format du
livret fixé au début de celui-ci à l'aide de deux attaches parisiennes,
ce fascicule donne à l'homme toutes les indications sur ce qu'il doit
faire en cas de mobilisation.
A la fin de son service militaire, l'homme est
d'abord mobilisable dans l'armée d'active, puis son âge avançant, il
est ensuite mobilisable dans la réserve de l'armée d'active, puis dans
l'armée territoriale, enfin dans la réserve de l'armée territoriale ; à
chacun de ces stades et à chaque changement d'affectation éventuel, le
bureau de recrutement dont dépend cet homme lui établira un nouveau
fascicule de mobilisation, lui indiquant sa nouvelle affectation en cas
de mobilisation, et l'adressera à la gendarmerie la plus proche du
domicile de l'homme, le fascicule de mobilisation, tenu par les
attaches parisiennes dans le livret individuel est facilement
échangé par les gendarmes, ceux-ci retourneront au bureau de
recrutement l'ancien fascicule retiré du livret.
Les GVC sont désignés dès le temps de paix,
normalement parmi les hommes de la réserve de l'armée territoriale,
quand l'un d'eux est affecté au service de la garde des voies de
communication, il reçoit un fascicule de mobilisation mentionnant cette
affectation.
Comme tous les hommes mobilisables, chaque GVC
dispose donc d'un livret avec son fascicule de mobilisation, ce
fascicule
pour les GVC est du modèle
S 1.
blanc rayé vert.
L'instruction générale de 1910 sur le service de
garde des voies de communication
3
précise en son article 10, les mentions à inscrire sur ce fascicule de
mobilisation pour les GVC :
"
Les livrets
individuels des hommes et les ordres de mobilisation individuels des
officiers portent un ordre de route leur prescrivant de se rendre à
leur poste, immédiatement et sans délai, dès que l'ordre en est donné,
ou en cas de mobilisation."
Voici la couverture du livret individuel et la
première page du fascicule de mobilisation d'
Etienne CHARBONNIER,
domicilié à Paris, département de la Seine, cette page -1- précise des
éléments d'identification : nom, prénom, domiciliation (adresse,
canton, département), sa classe de recrutement, et sa classe (ici 1890
dans les deux cas), son numéro matricule ; elle comporte également son
affectation militaire en cas de mobilisation, ici de manière très
précise : Gouvernement Militaire de Paris - Armée territoriale -
Service de garde des voies de communication - Secteur A section B
groupe 1 poste 5 à Aubervilliers :
Les informations sur la conduite à tenir en cas de
mobilisation sont consignées sur l'
ordre
de route en page 3 : dès affichage de l'ordre de mobilisation,
il est indiqué que le soldat CHARBONNIER doit se rendre
le premier jour de la mobilisation,
soit le 2 août 1914,
sans délai et
d'extrême urgence à la gare d'Aubervilliers / La Courneuve, il
doit
se mettre en route sans
attendre aucune notification individuelle.
En page 2 un avis lui précise qu'il peut prendre le
train gratuitement si besoin s'il ne se trouve pas à son domicile au
moment de la mobilisation, la consigne est toujours la même : il doit
se présenter pour prendre le train à la gare la plus proche de là où il
se trouve, sans délai et d'extrême urgence le premier jour de la
mobilisation, soit le 2 août, pour rejoindre ensuite directement la
gare d'Aubervilliers / La Courneuve.
Le
soldat CHARBONNIER a t'il donc rejoint son poste le 2 août ?
|
|
Et bien non, il a rejoint son
poste dès le 1er août 1914.
En effet à la rubrique incorporations
et immatriculations successives son livret individuel atteste :
"a accompli une période de
mobilisation du 1 août au 16 décembre 1914 au S.G.V.C. secteur A,
renvoyé dans ses foyers le 16 décembre 1914" |
Etienne CHARBONNIER a-t'il été convoqué avant
l'affichage de l'ordre de mobilisation générale ?
La
convocation des GVC en vue de la mobilisation générale
L'instruction générale de 1910 sur le service de
garde des voies de communication
3
prévoit, en son article 17, deux modes de convocation pour la mise en
place du service de garde des voies de communication :
"
Le service de
garde des voies de communication commence simultanément pour tous les
points où il doit s'appliquer, soit sur un ordre spécial du Ministre,
soit d'office, au reçu de l'ordre de mobilisation. Dans le premier cas,
les officiers et les hommes sont appelés par ordre de convocation
individuel ; ces ordres de convocation préparés, dès le temps de paix,
portent que les intéressés sont convoqués immédiatement et sans délai".
Ils se réunissent
sur l'emplacement assigné au poste auquel ils appartiennent et, pour
les postes de voies ferrées, à la gare la plus voisine de cet
emplacement."
et en article 2 de son ANNEXE N°1 qui a pour titre "
Mesure à prendre pour assurer, pendant les
périodes de tension politique, la garde des voies de communication"
:
"
Le service de
garde des voies de communication peut être mis en vigueur sur un ordre
spécial du Ministre.
Il s'exécute dans
les mêmes conditions que les exercices d'ensemble du temps de paix
d'une durée supérieure à vingt-quatre heures, mais les munitions, la
totalité des pétards, sifflets, etc., sont distribuées. Toutes les
mesures du temps de guerre sont prises.
Les hommes ne sont
renvoyés que sur l'ordre du Ministre."
Le service de la garde des voies de communication
avait pour but d'assurer la garde et la protection de ces voies dès les
opérations de mobilisation, génératrices de très nombreux mouvements
sur ces voies, il était donc prévu la possibilité de le mettre en place
avant la publication de l'ordre de mobilisation générale, sur ordre
spécial du Ministre, entraînant l'envoi d'un ordre de convocation
individuel à chaque GVC, comme pour les convocations à des exercices
d'ensemble du service.
Les mesures à prendre en cas de tension politique,
sont aussi prévues dans les annexes 2 et 2 bis à l'Instruction sur la
préparation de la mobilisation du 15 février 1909, mise à jour le 4
avril 1914
2,
l'annexe 2 réunit en six groupes (désignés de A à F) les mesures à
prescrire, au groupe E
sont prévues des mesures préparatoires aux opérations incluant la
convocation, pour une période d'exercices anticipée, des territoriaux
gardes des voies de communications.
L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand,
héritier de l'Empire Austro-Hongrois, et de son épouse, à Sarajevo, par
un nationaliste Serbe de Bosnie, le dimanche
28 juin 1914, est suivi de tensions entre Etats qui vont culminer avec
le déclenchement de la guerre, l'une des premières manifestations
concrètes de la
crise est la rupture des relations diplomatiques entre
l'Empire Austro-Hongrois et la Serbie le 25 juillet 1914, entraînant à
partir de cette date la mise en oeuvre en France, des dispositions
prévues par les instructions ci-dessus, avant la diffusion de l'ordre
de mobilisation
générale
2
:
- 25 juillet : ordre de rapatriement de trois bataillons de
tirailleurs en surnombre au Maroc - rappel à leur poste des officiers
généraux et des chefs de corps absents de leurs garnisons - aucune
nouvelle permission ne doit plus être accordée sauf en cas de force
majeure
- 26
juillet : ordre de surseoir aux déplacements de troupes
projetés - suspension des autorisations d'absence pour les officiers de
troupe - rappel des officiers en permission - avis préalable aux
compagnies de chemins de fer aux dispositions à prendre dans
l'éventualité d'une mobilisation -
ordre de rapatriement par voie de fer ou par voie de terre des troupes
de couverture absentes de leur garnison (notamment les éléments
détachés aux camps de Châlons et du Valdahon) - mise sous silence de la
presse au sujet de ces préparatifs militaires - mise sous surveillance
de certains établissements publics dans
la zone du gouvernement militaire de Paris - prise du dispositif
restreint de sécurité réduit à la participation de l'élément civil.
- 27
juillet : application complète du dispositif de sécurité avec l'élément
militaire - rappel des permissionnaires du gouvernement militaire de
Paris et des corps d'armée frontières -
au sein du gouvernement militaire de Lyon, les bataillons actuellement
en manoeuvre de montagne sont placés à proximité des voies ferrées sans
toutefois être ramenés dans leur garnison - le 21e corps
d'armée sursoit
aux travaux préparatoires aux manoeuvres de forteresse projetées sur
son territoire - maintien en Algérie et Tunisie des militaires désignés
pour la relève des libérables du Maroc.
- 28 juillet :
rappel des permissionnaires des corps d'armée de l'intérieur - renvoi
vers leurs garnisons respectives des troupes de l'intérieur en
déplacement et dont le rapatriement doit s'effectuer par voie de terre,
ordre d'embarquement aux troupes de l'intérieur dont
le rapatriement est prévu par voie ferrée - les brigades de gendarmerie
sont invitées à faire rejoindre sans délai les permissionnaires qui
n'auraient pas été touchés par un ordre de leur chef de corps - déclaration de
guerre de l'Autriche-Hongrie à la Serbie - ordre d'assurer la
surveillance de la frontière - mesures
de protection concernant la garde des établissements civils au sein du
gouvernement militaire de Paris - établissement d'un service
télégraphique permanent de jour et de nuit dans tous les bureaux des
Postes et Télégraphes des départements situés entre ceux de l'Ardenne
et du Doubs ainsi que ceux du territoire de Belfort.
- 29
juillet : garde des ouvrages fortifiés, des établissements militaires
et des postes de T.S.F. - ordre d'exécuter les travaux de défense dans
les places - les
postes de Maubeuge, Verdun, Toul, Epinal, Belfort doivent assurer en
permanence le service d'écoute - maintien en France des
permissionnaires des troupes du Maroc qui seront, en cas de
mobilisation, affectés à des unités de la métropole.
- 30
juillet : les corps de couverture du Nord-Est sont autorisés à
acheter ou louer les animaux nécessaires aux unités d'infanterie et
d'artillerie - convocation dans les régions de corps d'armée, pour une
période d'exercice, des maréchaux
ferrants de la réserve et de la territoriale qui ne sont pas affectés
aux commissions de réquisition des chevaux - convocation des présidents
de commissions de réquisition - ordre aux maires d'aviser discrètement
les propriétaires de se tenir prêts à conduire les animaux et les
voitures classés dans les centres désignés, dès que l'ordre en sera
donné -convocation pour une période d'exercices anticipés des gendarmes
réservistes et territoriaux - ordre aux officiers détachés en stage
dans d'autres armes de rejoindre leur corps d'affectation -
décision de mise en place partielle de la couverture sans appel de
réserviste : les troupes de couverture faisant mouvement par voie de
terre gagneront leurs emplacements de combat en restant à 10 kilomètres
en deçà de la frontière - les troupes de couverture faisant mouvement
par voie ferrée doivent être tenues prêtes à embarquer - mise
en état de défense des quatre grandes place du Nord-Est - préparation
au rapatriement de troupes du Maroc par ordre de diriger sept
bataillons de chasseurs, de zouaves, ou de coloniaux, sur les ports de
Casablanca et d'Oran.
- 31 juillet : ordre de départ des troupes de couverture -
interdiction de la navigation aérienne - convocation
pour un exercice de garde des voies de communication,
des réservistes ou territoriaux affectés à ce service (Ministre de la
Guerre. Télégramme 163-3/11 T aux corps d'armée -sauf 19e et
Tunisie- à 18h15 le 31
juillet 1914)2
- réquisition adressée aux compagnies de chemin de fer, en vue de
transports militaires -
service permanent de plantons aux bureaux télégraphiques établi par la
gendarmerie - permanence de jour et de nuit pour le service
télégraphique - interruption des lignes électriques d'intérêt privé
traversant la frontière allemande, ainsi que des lignes électriques
internationales - avis de
mobilisation générale en Autriche et en Russie.
- 1er
août : mesures au sujet du retour des troupes du Maroc - mise en place
de la surveillance et protection spéciale du littoral (Ministre de la
Guerre. Télégramme 185-3/11 T, à 1er, 3e, 10e,
11e, 15e, 16e et 18e corps
d'armée, entre 11h30 et 16h le 1er aout 1914) - autorisation
d'ouvrir le feu sur les aéronefs ennemis ou suspects - mobilisation
générale en Suisse pour protéger sa neutralité - à 15h55 télégramme de l'ordre de
mobilisation générale en France.
Les GVC figurent bien parmi les premiers
réservistes et territoriaux convoqués, avant la mobilisation générale
en 1914, précédés seulement d'une journée
par les maréchaux ferrants, les présidents des commissions de
réquisition et les gendarmes réservistes et territoriaux.
Tous
les GVC convoqués pour un exercice par ordre du 31 juillet 1914
Les GVC sont donc tous convoqués avant la
mobilisation générale, pour un exercice de garde des voies de
convocation, par ordre transmis aux corps d'armée le vendredi 31
juillet à 18h15, dès cet instant les corps d'armée vont devoir faire
adresser à chaque GVC son ordre de convocation individuel.
Cet ordre de convocation est exactement le même que
celui adressé lors des périodes d'exercices prévues pour les
réservistes
et territoriaux en temps de paix, il se compose de deux cartons
détachables, chacun au format carte postale de l'époque : l'un blanc
libellé "ordre d'appel sous les drapeaux", l'autre rose est un
récépissé qui doit normalement être signé, détaché et remis à la poste
sans affranchissement.
L'exemplaire adressé à
Jules Félix BOULEAU, domicilié à
Angers, nous est parvenu entier sans être détaché :
recto
|
|
L'ordre
d'appel est signé du 1er
août 1914, seule cette date a été ajoutée sur le document suite à
réception par le corps d'armée, le 31 juillet au soir après 18h15, de
l'ordre de convocation des GVC pour un exercice, le reste du document
était complété à l'avance dès le temps de paix, pour permettre l'envoi
immédiat en cas de besoin.
Adressé par le bureau de recrutement d'Angers
à l'adresse de Jules BOULEAU dans cette même ville, il porte un tampon
de la poste à 9h20 le 1er aout 1914, et a pu donc être
distribué ce même jour.
Le GVC est convoqué immédiatement et sans
délai à la gare de la Maitre Ecole à Angers, au service de la garde des
voies de communication.
La fiche du registre matricule de Jules BOULEAU4
confirme qu'il a bien pris son poste de GVC dès le 1er août
1914.
Cet ordre d'appel a donc bien été distribué le
1er
août, peut-être pas en main propre à Jules BOULEAU, car normalement le
facteur aurait du lui faire signer le récépissé puis ensuite le
détacher et le conserver pour retour au bureau de recrutement d'Angers,
et n'aurait du laisser à Jules BOULEAU que la partie blanche.
|
La
partie Avis pour la poste
précise qu'en cas d'absence du destinataire la poste n'a pas à faire
suivre l'ordre mais doit le retourner au bureau de recrutement,
éventuellement annoté de toute information connue sur une
nouvelle adresse ; il ne s'agit donc pas dans ce cas de figure d'une
absence physique du destinataire, mais d'une absence de domiciliation
de celui-ci à l'adresse indiquée, ce qui semble supposer pour le cas de
Jules BOULEAU la remise
du courrier en boîte aux lettres ou à un proche présent, en cas
d'absence physique de celui-ci au moment du passage du facteur.
La mention SC-G3-P6
désigne le poste de GVC d'affectation de Jules BOULEAU, poste N°6
du groupe 3 de la section C de la subdivision d'Angers, ce poste devant
en toute logique se trouver à proximité de la gare de la Maître Ecole,
ou dans les proches environs, sur une ligne de chemin de fer passant
par
cette gare.
verso
|
|
L'exemple
d'Abélard LHERMITTE
note : son nom sur la
couverture du livret est écrit avec un seul "t" cependant tous les
autres documents comportent le nom écrit avec deux "t" laissant
supposer une erreur d'écriture jamais corrigée sur la couverture du
livret.
|
Avec le livret individuel d'Abélard LHERMITTE
de la classe 1888, domicilié à Chamoy dans l'Aube, ont été conservés
plusieurs documents illustrant le parcours de ce mobilisé :
Voici ci-contre une convocation à une période d'exercices en 1904.
Abélard
LHERMITTE
doit se présenter avant midi le 24 octobre 1904 à la caserne à Troyes,
pour effectuer une période d'exercices jusqu'au 5 novembre 1904, auprès
du 47ème régiment territorial d'infanterie.
A noter que cette convocation est datée de
juillet 1904, date à laquelle elle lui est envoyée, soit environ 3 mois
à l'avance par rapport à la date du début de la période d'exercices,
ceci pour lui permettre d'organiser sa disponibilité.
Ce document de 1904 est dans son contenu
pré-imprimé, identique à celui reçu par les GVC à l'été 1914, évoqué
par l'exemple précédent, les quelques différences de
mise en page sont liées à son antériorité de 10 ans par rapport au
modèle en usage en 1914, à part ce détail il s'agit bien du même
imprimé de convocation à une période d'exercices.
|
1904
|
Voici ce même type d'imprimé de convocation reçu cette fois par
Abélard LHERMITTE en 1914 pour
rejoindre un poste de GVC :
Contrairement à l'exemplaire adressé à Jules
Félix BOULEAU daté du 1er
août 1914 comme nous l'avons vu plus avant, ceui-ci est daté du 31
juillet 1914, soit le soir même de la réception par le corps d'armée du
télégramme de convocation des GVC.
Comme Jules Félix BOULEAU, Abélard
LHERMITTE doit
se présenter immédiatement et sans délai au lieu de convocation qui est
situé pour lui à la gare de Jeugny, avec une affectation à la garde des
voies
ferrées, au poste 5 du groupe 3 de la section G.
Cette absence de délai pour rejoindre
le poste, ainsi que l'absence de mention de la durée de l'exercice ou
de date de fin de celui-ci, devait à l'époque aux yeux du convoqué,
laisser plâner peu de doutes sur la nature réelle de cette convocation.
|
1914
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|
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Dans le livret individuel était conservée également cette photographie
de GVC, pouvant laisser supposer qu'Abélard LHERMITTE est peut être
photographié parmis ces hommes, si oui lequel est-ce ?
Ils portent des vêtements de collection
d'instruction marqués au numéro du 4ème régiment
d'infanterie dont un
bataillon était caserné à Troyes en 1914, et la photographie porte le
tampon d'un photographe "COURTOIS" à Jeugny.
Cependant si les brassards des hommes portent
bien la lettre de la section G et le chiffre du groupe 3, ils ne
portent pas le N° du poste 5 mentionné sur le convocation d'Abélard,
mais celui du poste 2 bien lisible sur les
brassards des hommes assis aux extrêmités même si celui de droite
a mis son brassard à l'envers : G-3
GC 2-... ; si Abélard figure sur cette
photographie cela signifie qu'il a du passer, à une date inconnue, du
poste 5 au poste 2.
|
Examinons maintenant son fascicule de mobilisation :
Abélard LHERMITTE
ne dispose pas d'un fascicule de mobilisation de GVC, en cas de
mobilisation, il était prévu qu'il rejoigne la gendarmerie d'Ervy
(Ervy-le-Châtel), avant 18h le premier jour de la mobilisation, soit le
2 août 1914, pour participer comme conducteur de chevaux, à la
réquisition de chevaux et de voitures (sans doute hippomobiles) dans le
cadre de la mobilisation générale, au sein de la commission de
réquisition N°44 stationnée à Ervy ; cette mission terminée l'ordre de
route précise qu'il serait renvoyé dans ses foyers, soit au bout de
quelques jours pour cette tâche.
Au lieu de celà il a reçu la convocation datée
du 31 juillet 1914, lui donnant ordre de rejoindre un poste de GVC.
Par ailleurs, son livret individuel ne
mentionne pas de période d'exercices au sein du service de la garde des
voies de communication avant cette convocation.
Ces éléments laissent penser qu'Abélard
n'était pas affecté au service de la garde des voies de communications
au préalable, ou au moins qu'il n'en était pas encore avisé.
|
|
Au vu de cet exemple, il semble donc avoir été nécessaire,
pour assurer l'effectif complet de certains postes de GVC, de convoquer
dès le 31 juillet ou le 1er août 1914, des hommes en
complément de ceux déjà initialement affectés au service de garde des
voies de communication.
|
|
Le
témoignage du lieutenant BESSET
Dans son ouvrage "
SOUVENIRS
D'UN G.V.C." publié en 1923, le lieutenant BESSET qui
commande une section comportant près de 520 hommes répartis en 20
postes de GVC, évoque sa convocation au moment de la mobilisation :
Samedi
1er août 1914
pages 12 et 13, le lieutenant
BESSET reçoit sa convocation dès 6h du matin le 1
er août
1914 :
" samedi
1er août, à six heures du
matin, je somnolais encore lorsque j'entendis vaguement le
facteur rural qui me dessert dire : « Voici une
carte pour M. BESSET ». [...]
je sautai au bas du lit, et bientôt, je
me trouvai, sans émotion je dois le dire, devant un bout de carton
m'invitant à partir, sans délai, pour un exercice de garde des
voies de communications avec résidence à Verdun-sur-le-Doubs."
page 14, le jour même à 14h, il
est à son poste, les GVC étaient affectés à proximité de leur domicile
(pour la plupart moins de 10 km) pour permettre une mise en place très
rapide du service :
" ce même
samedi 1er
août, à deux heures de l'après-midi, j'étais à mon poste,
quelques heures avant la publication de la grande mobilisation."
page 16, la mobilisation
générale est annoncée :
"
Soudain,
entre quatre et cinq heures, le tambour résonne, le moment est
solennel.
Des
gendarmes entrent en coup de vent dans la gare et en deux coups de
pinceau collent intérieurement et extérieurement les affiches au
drapeaux tricolore, puis sautent en auto pour aller plus loin. Les
cloches de Gergy, Allerey, Bragny, Verdun, Ciel,
St-Maurice-en-Rivière, sonnent en même temps le tocsin."
page 17, à ce moment de
l'annonce de la mobilisation générale, le lieutenant BESSET indique
qu'il est toujours seul, toutefois il ne précise pas clairement s'il
est le seul membre du commandement de la section E à son poste, où
carrément le seul GVC arrivé dans cette gare, ce que laisse supposer la
suite du récit, il précise toutefois qu'il attend les convoyeurs, ces
hommes étaient des GVC qui n'étaient pas convoqués directement à la
gare la plus proche de leur poste de GVC, mais d'abord au dépôt du
régiment chargé de fournir effets d'uniformes, armes et une partie des
équipements pour les postes de GVC, les convoyeurs étaient chargés de
récupérer le matériel puis de l'embarquer dans un train qui parcourait
les gares où le matériel était déchargé pour les postes de GVC du
secteur :
"
Je
suis toujours seul, attendant les événements ou, pour mieux dire,
les convoyeurs du 10e de ligne qui, bientôt apparaîtront,
accompagnant les équipements de mes postes.
un premier chef de poste se présente
dans la soirée, le lieutenant BESSET le renvoie à son domicile pour la
nuit, lui ordonnant de ne revenir que le lendemain 2 août, cela
signifie que le lieutenant BESSET ne s'attend pas à pouvoir assurer la
mise en place de ses postes de GVC le soir même du 1er
août, d'autant qu'à ce moment, il na pas encore vu arriver les
convoyeurs :
Convoqués par
ordre transmis dans la soirée du 31 juillet, presque tous ont dû se
voir remettre leur convocation à rejoindre leur poste immédiatement et
sans délai dès le 1er août, parfois très tôt, poste que
selon le témoignage de BESSET, les premiers atteindront dans
l'après-midi ou en fin de journée ce même jour, ceci compte tenu de la
proximité entre leur lieu de résidence et leur lieu de convocation, les
derniers tôt le matin du 2 août.
Ceci explique que les livrets individuels et
registres matricules des GVC en poste à la mobilisation, mentionnent
une participation à la campagne contre l'Allemagne à compter du 1er
août 1914, alors que la première journée de mobilisation est celle du 2
août.
Les GVC figurent
donc bien parmi les premiers réservistes mobilisés, puisque convoqués
avant la grande masse des réservistes, même si nous l'avons vu plus
haut, quelques-uns ont été convoqués encore un jour avant eux !