7 janvier 1887 |
Après la cuisante défaite de 1870, la France de la
troisième République
entreprend une refonte totale de son organisation militaire, de façon à
constituer une armée capable d'assurer la défense nationale et de
rivaliser avec les armées prussiennes : augmentation significative des
effectifs par différentes lois de recrutement aboutissant au service
militaire universel, division du territoire en régions militaires
servant chacune de socle à l'organisation d'un corps d'armée,
élaboration de plans de mobilisation, etc.
Le rôle déterminant de l'usage des voies de communication est avéré dans tout conflit, dès le milieu du XIXème siècle le potentiel stratégique et logistique des chemins de fer, pour les opérations militaires sur terre, apparaît très important.
Ce tableau intitulé "POLICE DES ABORDS DES VOIES FERREES" examiné dans ses moindres détails, va nous permettre de détailler l'organisation du service :
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La police des voies ferrées et de leurs abords est organisée dans chaque région de Corps d'Armée, ici 9e Région pour le 9e Corps dont le quartier général est situé à Tours.
Dans sa région militaire, le général commandant le corps d'armée, fait connaître les communes traversées par des voies ferrées à surveiller, sur le territoire de chacune de ces communes, il prévoit la mise en place d'un groupe communal de police des voies ferrées, ainsi que le nombre d'hommes assigné à ce groupe (article 2 de l'instruction du 7 janvier 1887).
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La région militaire est divisée en plusieurs subdivisions disposant chacune d'un bureau de recrutement, ici la subdivision de la 9e région militaire concernée est celle de Châteauroux dans le département de l'Indre.
La brigade de gendarmerie de Déols est mentionnée compte tenu du rôle important assigné à la gendarmerie nationale dans le dispositif :
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Ce document concerne une portion de la ligne de chemin de fer de Limoges à Paris appartenant au réseau de la Compagnie de chemin de fer de Paris à Orléans (connue sous les initiales : PO), très précisémment elle concerne la portion de voies située sur le territoire de la commune de Montierchaume dans le département de l'Indre. Elle est située à près de 10 km au nord-est de Chateauroux, à un peu plus de 3 km au sud du bourg passe la portion de voie ferrée de Chateauroux à Issoudun.
Il est précisé que le groupe communal de police de la voie ferrée doit être en place du premier jour de la mobilisation jusqu'au 17e jour inclu pour cette commune, sont précisés également l'identité du chef de groupe : le sergent BERTHON et de son suppléant : le soldat PRÉVOST.
Pour chaque groupe communal il
doit en effet y avoir un chef de groupe et un suppléant, choisis parmi
les gradés de la réserve de l'armée territoriale, habitant en tout
temps sur le territoire de la commune, à défaut parmi les soldats en
prenant d'abord ceux qui ont servi dans l'armée d'active (ici le
suppléant), quel que soit son grade, le chef de groupe est toujours
subordonné au commandant de la brigade de gendarmerie, chef militaire
des groupes communaux (article 6).
Source : carte d'Etat-Major (1820 - 1866) © IGN 2012 www.geoportail.gouv.fr |
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Les colonnes 5 à 8 listant les effets déposés à la mairie sont ici vierges, laissant penser qu'à cette date aucun effet n'a été encore remis par l'autorité militaire à cette mairie.
Il devrait y avoir (article 7) :
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La
colonne 13 indique que le groupe doit faire circuler,
en permanence : |
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sur les 4,5 km de voies situées
sur la commune de Montierchaume ; à l'ouest la surveillance de la voie
est prise en charge par un groupe localisé à Déols, à l'est par le
groupe de Diors. Le poste de Montierchaume assure la liaison avec ces
postes voisins.
Le poste de police
des voies ferrées et de ses abords doit assurer la protection du chemin
de fer sur son tronçon de voies, il doit interdire l'approche des voies
à toute personne suspecte, empêcher toute tentative de destruction et,
tout au moins, donner à temps les avis nécessaires pour éviter un
accident (article 1).
Les hommes du poste peuvent procéder à l'arrestation des individus suspects. Ils doivent prêter leur concours aux agents des compagnies de chemin de fer chaque fois qu'ils en sont requis (article 10). A la mise en place du groupe : le chef du groupe reçoit du maire le présent tableau au dos duquel sont imprimées les consignes générales destinées au groupe, comme nous l'avons vu plus haut ce document est préparé par l'autorité militaire et remis au maire dès le temps de paix ( article 11). D'autres consignes, établies par le commandant du corps d'armée et un certain nombre de consignes particulières faisant connaître les rapports que les chefs de groupe, dans les communes, ont à entretenir avec les agents de la voie, la conduite à tenir dans le cas où ils sont requis par eux de prêter main-forte, les avis à donner en cas de rupture des voies, etc...sont remises aux maires par l'intermédiaire de la gendarmerie lors de la mobilisation, ces consignes sont également ensuite transmises par les maires aux chefs de groupe (article 12). Après dissolution du groupe communal (ici après le 17e jour de la mobilisation comme vu au point 3 ci-dessus) les hommes retournent dans leurs foyer, ils peuvent être toutefois mobilisés ensuite sur une autre destination et mission avec leur classe, selon les indications portées sur l'ordre de route compris dans leur livret militaire, si leur classe est mobilisée avant la fin du service de surveillance des voies, ils assurent la police des voies jusqu'à sa dissolution et ne rejoignent leur nouvelle destination qu'ensuite (article 5). |
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La
colonne 14 confirme que la mission de ce groupe est limitée à la
surveillance de la voie et que celle-ci ne comporte pas de garde de
guérites télégraphiques.
Une
précision intéressante précise que les relèves sont faites par tiers,
comme 27 hommes sont prévus pour le service mais seulement 18 sont
employés chaque jour, soit 2 tiers de l'effectif total prévu, le
dernier tiers de 9 hommes non employés peut assurer une relève du tiers
de l'effectif employé, si les relèves ont lieu chaque jour, chaque
homme est donc de service deux jours de suite puis ensuite de repos une
journée.
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Ci-contre à droite : au dos du tableau sont imprimés les "DEVOIRS DES GROUPES COMMUNAUX" , il
s'agit des consignes détenues en mairie dès le temps de paix, et à
remettre par le maire au chef de groupe lors de la mise en place du
service, ce texte est retranscris intégralement ci-dessous :
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DEVOIRS DES GROUPES COMMUNAUX
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Consigne générale. __ 1°
Les gardes
communaux interdisent l'approche des lignes à toute personne
suspecte ; ils surveillent tout particulièrement les chemins
qui traversent les voies, les passages à niveau, les ouvrages d'art,
ponts, viaducs, etc. Leur rayon d'action s'étend à 200 ou 300
mètres de chaque côté de la voie ; 2° Une consigne spéciale indique les avis à donner et les mesures à prendre en cas de dégradation constatée des voies, des lignes télégraphiques ou des guérites de raccordement, ainsi que les relations à entretenir avec le personnel du chemin de fer ; 3° Les gardes communaux défèrent à toutes les réquisitions qui leur sont faites par les agents des chemins de fer ou des télégraphes.
Devoirs des maires. __ 1° Dès la réception de l'ordre de mobilisation, en l'absence du brigadier de gendarmerie ou de son délégué, le maire de la commune sur laquelle est située la voie à surveiller réunit à la mairie les hommes du groupe communal, à quelque commune qu'ils appartiennent. Il en fait l'appel. Il reçoit de la gendarmerie et remet au chef de groupe : 1° la liste d'appel du groupe communal ; 2° la présente consigne ; 3° la consigne relative aux relations à entretenir avec les agents du chemin de fer. Il reçoit en outre les ordres de réquisition pour la fourniture des lanternes et des armes, s'il y a lieu. Il délivre aux gardes communaux les objets et les armes en dépôt à la mairie ; 2° Chaque jour, il assiste à la mairie à la réunion des hommes de service ; 3° Il signe tous les jours et certifie l'état nominatif établit par le chef de groupe pour le payement des hommes de service, quelle que soit la commune d'origine ; 4° Il fait conduire à la gendarmerie les personnes suspectes arrêtées par les gardes communaux pour qu'elles soient soumises, s'il y a lieu, à la disposition du procureur de la République (loi du 18 avril 1886 sur l'espionnage).
Devoirs du chef de groupe. __ 1° Le chef de groupe ou son suppléant doit toujours être présent au poste, revêtu de son uniforme. Lors de la première réunion, il reçoit du maire les consignes qui le regardent et la liste des hommes du groupe. Dès qu'un nombre suffisant de gardes sont réunis, il les dirige sur les emplacements qu'ils doivent occuper ; il désigne ensuite nominativement, en se conformant aux indications portées d'autre part, dans la colonne 14, ceux qui doivent prendre le service chaque jour. Enfin il procède à l'installation du poste communal (colonnes 12 et 13) ; 2° Il fait chaque jour à la mairie, en présence du maire, l'appel des hommes de service et établit à ce moment l'état devant servir au payement de l'indemnité ; 3° Quel que soit le grade qu'ils aient occupé dans l'armée active, le chef de groupe et son suppléant sont toujours subordonnés au chef de la brigade de gendarmerie ou à son délégué ; 4° Le chef de groupe doit se tenir en relations avec les chefs de groupes communaux voisins et avec les chefs de postes de garde d'ouvrages d'art (armée régulière) établis sur le territoire de la commune. Il doit, le cas échéant, prêter main-forte à ces derniers et leur venir en aide pour conduire à la mairie ou à la gendarmerie les personnes qu'ils auraient arrêtées.
Devoirs des gardes communaux. __ 1° La mairie de la commune sur le territoire de laquelle est située la voie à surveiller est le point que doivent rejoindre les gardes communaux, quelle que soit leur commune d'origine. C'est là que se réunissent chaque jour, à l'heure fixée par le chef de groupe, les hommes qui doivent prendre le service ; 2° Les gardes communaux de service portent le brassard au bras gauche, ou sont revêtus d'effets d'uniforme quand cette mesure est reconnue nécessaire ; 3° Ils accomplissent un service militaire, il ne doivent pas s'absenter de leur poste pendant qu'ils sont de service. Ils sont justiciables des conseils de guerre ; 4° Lorsque les gardes sont relevés, ils passent leurs brassards et leurs armes à ceux qui les relèvent.
Indemnités. __ 1° Les gardes communaux (chef de groupe, suppléant, gardes) reçoivent une indemnité de 1 fr. 25 cent. par jour, qui leur est payée chaque jour sur un état nominatif établi par le chef de groupe, certifié par le maire et présenté par un homme du groupe au percepteur dont dépend la commune où fonctionne le groupe communal.
Fin du service. __ Aux dates fixées par la présente consigne ou par l'autorité militaire : 1° Les hommes affectés au service de police des abords des voies rentrent dans la règle générale. Ceux qui appartiennent à la réserve de l'armée territoriale ou aux hommes à la disposition peuvent être appelés à l'activité en même temps que les hommes de leur classe, suivant les indications portées sur l'ordre de route de leur livret ; 2° Si la classe dont ils font partie est appelée avant la fin de leur service spécial, ils sont maintenus à leur poste et continuent à surveiller les voies ferrées jusqu'au licenciement des groupes communaux. A ce moment seulement, ils rejoignent leur destination suivant les prescriptions de leur ordre de route ; 3° Ceux qui sont classés dans les services auxiliaires restent dans leurs foyers à la disposition de l'autorité militaire. |
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