LES
GVC MITRAILLEURS
Des
gardes des voies de communication (GVC) dotés de mitrailleuses
Les instructions de 1910 sur
l'organisation du service de garde des voies de communication1,
en
vigueur en 1914 au moment de la mise en place des postes de GVC à
l'occasion de la mobilisation générale, ne prévoient aucune dotation de
mitrailleuses ou d'autres armes lourdes pour les postes de garde ; les
mobilisés affectés à la garde des
voies de chemin de fer, des lignes télégraphiques et des points
importants du littoral, sont exclusivement armés du fusil d'infanterie
modèle 1874 M80, dit fusil Gras, arme tirant un seul coup sans
chargeur, obsolète en 1914.
Les conditions du
conflit vont toutefois conduire à la révision de cette dotation en
armement, et certains postes de GVC vont être dotés de mitrailleuses.
Les documents que j'ai pu consulter à ce jour,
attestent de la présence de mitrailleuses dans des postes de GVC, au
moins à partir de mai 1916 : un rapport, daté de juin 1916, présentant
la défense du viaduc de Mirville2
par les GVC, sur la ligne de chemin de
fer Le Havre - Rouen, fait état de deux mitrailleuses Hotchkiss dans
l'armement du poste, et précise que les GVC chargés de servir ces
mitrailleuses ont achevé leur stage de mitrailleur en mai 1916.
La photographie ci-dessous, malheureusement ni datée
ni localisée, est une autre preuve tangible de l'usage de mitrailleuses
par des GVC, ce sont cette fois-ci deux mitrailleuses Saint-Etienne,
qui sont déployées au sein de cet imposant groupe de GVC identifiables
grâce à leurs brassards caractéristiques :
Presque tous les
hommes présents sur la vue, notamment tous les mitrailleurs, portent au
bras gauche leur brassard de GVC.
Sur l'agrandissement ci-dessous, montrant la
mitrailleuse visible sur la partie droite de la photographie, nous
voyons le tireur assis sur le siège de l'affût de la mitrailleuse, les
deux hommes genou à terre à droite sont :
- l'aide-chargeur pour celui le plus à droite, il tient en ses
mains une bande de munitions qu'il est chargé de sortir de la caisse
posée au sol, puis de la transmettre à son voisin,
- le chargeur, qui lui devra introduire la bande de munitions dans
le couloir d'alimentation de la mitrailleuse.
Les képis et cols
des hommes sont marqués au numéro du 31ème régiment
d'infanterie pour quelques uns, et du 35ème régiment
d'infanterie territoriale pour le plus grand nombre, ces deux corps de
troupes ayant leur dépôt régimentaire à Melun3.
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Leurs brassards de GVC4
semblent comporter la lettre d'une section D, puis le chiffre d'un groupe N°2
La mention GC, ou même GVC lisible sur
quelques uns, désigne le service de garde des voies de communication.
Le numéro de poste inscrit après la
mantion GC n'est malheureusement vivible sur aucun des brassards sur
cette vue.
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Les tenues très
diverses portées ici, seraient pour des combattants de première ligne
typiques de 1915, pour des GVC elles peuvent aussi être très
représentatives de 1916 et même au-delà, nous avons :
- des képis garance de l'entrée en guerre (les plus foncés) et des
képis bleu horizon (les plus clairs) adoptés avant fin 1914
- des
capotes de l'entrée en guerre gris de fer bleuté (celles à deux rangées
de boutons) et trois capotes Poiret bleu horizon à col rabattu (très
claires à une rangée de bouton) adoptées avant fin 1914
- des vareuses de tous types : en drap clair bleu horizon, mais
aussi
de nombreux exemplaires en velours de toutes teintes, très foncées
comme celles des tireurs assis sur les affûts des mitrailleuses, plus
claires comme celles du chargeur de droite, ou de l'homme qui a posé sa
main sur le canon de la mitrailleuse de gauche, ou encore de l'homme
allongé au centre devant le groupe.
- des pantalons et bandes molletières de types et teintes très
variés.
Les mitrailleuses sont montées sur des affûts
trépied de type Omnibus modèle 1915, intégrés dans le règlement sur les
sections de mitrailleuses
5 à
partir de l'édition mise à jour de mars
1916 :
Pour les GVC, chargés du service des mitrailleuses,
est visible sur la photographie un insigne particulier sur un fond
clair, cousu sur leur brassard de GVC d'origine :
L'un des hommes,
debout derrière le chargeur et l'aide chargeur de droite, porte ce même
insigne cousu sur la manche gauche de sa vareuse :
|
Il s'agit de l'insigne de spécialité des tireurs-pointeurs
: une grenade surmontant deux canons croisés, attribué depuis
1912 aux personnels des sections de mitrailleuses, à l'origine brodé en
fil écarlate sur un socle de drap du fond (gris de fer bleuté sur les
capotes des fantassins) lui-même cousu sur la manche gauche.
En mai 1915, il est décidé que cet attribut
est désormais brodé en fil bleu foncé pour l'infanterie, le drap du
fond étant désormais bleu horizon, comme sur le modèle ci-dontre.
Nos GVC mitrailleurs sont logiquement
identifiés par cet insigne, mais ils portent déjà au bras gauche le
brassard des GVC qui masquerait l'insigne s'il était cousu
sur cette même manche gauche, la difficulté a été contournée en cousant
simplement l'insigne sur le brassard lui-même, en couvrant l'une des
lettres centrale G ou C de la mention GC du brassard.
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Le socle de
drap bleu horizon de l'insigne brodé, a également été découpé par nos
hommes avec une certaine liberté, entraînant une variété de découpes
épousant plus ou moins le contour du dessin, comme dans les exemples
ci-dessous, inspirés des modèles visibles sur la photographie, dessinés
sur la base de brassards d'un poste 1 d'un groupe 2 d'une section D de
GVC :
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Notes
1. "Instruction générale sur le service de
garde des
voies de communication" - Ministère de la Guerre - 18 octobre
1910 -
Imprimerie Nationale.
Transcription
complète réalisée
par Arnaud Carobbi disponible sur son site "LE PARCOURS DU
COMBATTANT DE LA GUERRE 1914-1918" accessible ici
exemplaires
originaux disponibles
:
- Service historique de la
défense - Vincennes - cote 16 N 2810 - consultation sur place sur
réservation de cote préalable.
- Archives
départementales
de la Sarthe - Le Mans - AD72 cote 1R825 . Service des
GVC. Relevé de cote par Arnaud Carobbi.
2.
prochainement
sur ce site : La
défense du viaduc de Mirville
3. Voir : Identifier par le numéro des képis ou des
cols
4.
Voir : description du brassard du service de garde
des voies de communication - mai 1891
5.
Voir "Règlement sur les
sections de mitrailleuses d'infanterie dotées de mitrailleuses modèle
1907 transformées"
approuvé par le ministre de la guerre le 25 novembre
1912, mis à jour le 15 mars 1916 - Imprimerie Nationale - 1916
disponible sur Gallica
voir planches
VII et IX
La dernière illustration de l'affût-trépied type
Omnibus 1915 est extraite de "Mitrailleuses
françaises d'Infanterie === Guide de l'Elève Mitrailleur"
- collection ECOLES D'INFANTERIE -par le Capitaine ROBERT du centre
régional de mitrailleurs de Bourges - mai 1918 - imprimerie J. Langlois
, 186 Faubourg saint-Martin, Paris.
Si
vous avez des remarques, suggestions, impressions, commentaires, envie
de contributions, questions ?