GVC 14-18

Le service de la garde des voies de communication en France pendant la Première Guerre mondiale

Vital RIVIERE







Un Mayennais envoyé comme GVC dans l'Aisne

    Portrait réalisé à partir d'une compilation d'informations issues des archives départementales de la Mayenne (état civil, listes de recencement, fiche de registre matricule), du site "Mémoire des hommes", et de documents disponibles en ligne sur Gallica, ou conservés au Service Historique de la Défense (SHD).

    Ce portrait n'aurait pu se réaliser sans l'aide de Catherine, co-rédactrice de ce projet, des souvenirs familiaux de son père Lucien (petit cousin de Vital), et d'Auguste Rivière (petit fils de Vital), qui m'ont donné autorisation pour le publier ici, illustré des photographies1 familiales. Je les remercie chaleureusement pour cette aimable contribution.

    Je remercie également Alain JACONO qui a aimablement autorisé la publication dans cet article de la photographie1 des GVC devant la gare de Coyolles.

Note sur les corrections et compléments d'octobre 2014 : une petite correction a été apportée à la première phrase de l'article (Vital est le 6ème enfant de sa fratrie et non le 5ème). Les compléments concernent :
  •  quelques précisions à propos de Victor le frère de Vital au chapitre "Avant la guerre" ;
  •   le chapitre consacré à la mobilisation de Victor RIVIERE, le fils aîné de Vital, grâce aux apports du contenu de sa fiche de registre matricule, qui a pu être consultée postérieurement à la première version de l'article ;
  •  le dernier chapitre complété de quelques éléments sur l'après guerre.

Avant la guerre

    Vital  Avit  Rivière naît à la fin du second Empire, sous Napoléon III, le 17 juin 1869, à Villaines-la-Juhel dans la Mayenne, 6ème enfant d'une fratrie de sept2, fils de Julien Rivière, journalier, âgé alors de 38 ans, et de son épouse Augustine Guittet, journalière et fileuse, âgée de 37 ans. Par contre, il grandit en même temps que la jeune 3ème République.

    Sa fiche de registre matricule3 mentionne un degré d'instruction générale de 3, ce qui correspond à "possède une instruction primaire" ; Vital a donc eu la chance de recevoir une instruction, alors que l'école n'est pas obligatoire : il sait au moins lire, écrire et compter. Vital a 6 ans en 1875, et 13 ans en juin 1882. C'est à la date du 28 mars 1882, qu'une nouvelle loi, présentée par Jules Ferry, alors ministre de l'instruction publique, soumet à obligation scolaire les enfants de 6 à 13 ans, à partir de la rentrée scolaire de 1882. Il doit aller à l'école à Averton où son père travaille successivement au lieu-dit des Roches Plates, puis de la Maison Neuve et enfin de la Richardière.

    Après 1882, les fiches de recensement ne mentionnent plus la présence de Vital chez son père. Il a 13 ans, on peut supposer qu'il se loue dans diverses fermes, comme l'indique sa fiche de registre matricule3 en 1889, qui le situe à quelques kilomètres de Laval, à Entrammes, où il est cultivateur.

    Vital Rivière fait partie de la classe de mobilisation de 1889, il tire le N°8 au tirage au sort de recrutement et est déclaré bon pour le service par le conseil de révision, ce qui lui vaut un classement dans la 1ère partie de la liste de recrutement cantonale du canton de Laval : il devra faire 3 ans de service militaire.

    Sa fiche du registre matricule3 décrit le jeune homme : une taille de 1m70, cheveux et sourcils châtains, étonnamment avec des yeux "blonds" (sans doute jaunâtres, les indications de l'époque pour décrire la couleur des yeux incluaient les mentions "bleu jaunâtre - jaune clair - orangé (plus ou moins)"16, on dirait aujourd'hui "dorés - cuivrés - ou ambre" ; deux de ses frères ont les yeux gris sur leur fiche de registre matricule...), front bombé, nez long, bouche moyenne, menton rond et visage ovale, avec comme marques particulières des taches de rousseur au visage.

    Il effectue son service militaire au sein du 102ème régiment d'infanterie caserné alors à Mayenne6,qu'il rejoint le 15 novembre 1890, nommé 1ère classe le 11 juin 1891, puis caporal le 26 septembre 1891. Il est envoyé en congé le 18 juin 1892, avec son certificat de bonne conduite, "en attente de son passage dans la réserve comme frère de militaire au service, en vertu de l'article 21 de la loi du 15 juillet 1889". il s'agit de son jeune frère Victor, né en 1872, qui deviendra gardien de la paix à Paris en 1905 (la fiche de registre matricule de Victor indique : engagé volontaire le 7 mars 1892, pour 4 ans, à la mairie de Laval ; le 7 mars 1896, il passe dans la réserve de l'armée d'active ; il est précisé : maintenu en sursis d'appel pour une durée indéterminée car faisant partie du personnel de la police municipale du département de la Seine - emploi gardien à Paris).

Vital passe dans la réserve de l'armée d'active le 1er novembre 1893, il a alors 24 ans.

C'est juste avant, le 23 octobre 1893, que Vital se marie à Laval, avec Marie Louise Lochain, née à Ruillé-le-Gravelais le 5 septembre 1872, elle a 21 ans.
Vital et Marie  sont journaliers agricoles, comme les parents de Vital.

Leur fils aîné, Victor, naît en 1894 à Laval.

Les obligations militaires de Vital le voient convoqué pour trois périodes d'exercices militaires :
  • une première au 301ème régiment d'infanterie à Laval (régiment de réserve du 101ème), du 30 septembre au 27 octobre 1895
  • la seconde au sein du 101ème régiment d'infanterie, du 8 mai au 4 juin 1899
soit deux périodes de 28 jours à Laval6
  • une troisième du  10 au 23 octobre 1904 , soit 14 jours, au 25ème régiment territorial d'infanterie de Laval6.
Il passe dans l'armée territoriale le 1er novembre 1903 à 34 ans, puis dans la réserve de la territoriale le 1er octobre 1909 à 40 ans.

La fiche du registre matricule3 de Vital localise son habitation à Laval en 1894, à Montigné-le-Brillant4 en 1896 (lieu-dit des Prés - il est domestique), à Nuillé-sur-Vicoin en 1902, à Louverné à partir de février 1914, où la famille est domiciliée durant la guerre.


    La photo ci-dessus présente le couple avec ses enfants. On distingue deux faucilles accrochées au mur derrière la tête de Vital. En haut à gauche figure leur fils aîné Victor, leur fils Marcel au centre de la vue derrière ses parents est né en août 1903 (à La Blancherie5 à Nuillé-sur-Vicoin). Vital tient devant lui sa fille Marie-Louise, née en janvier 1908 (aussi à La Blancherie5), tandis qu'Auguste, né en avril 1911, est sur les genoux de sa maman, il porte des chaussures aux pieds et doit donc vraisemblablement déjà marcher, la photographie date probablement de 1913.

Nuillé-sur-Vicoin (Mayenne) - Grande rue vers 1910

Pendant la guerre 1914-1918


    Parmi les hommes membres de la réserve de l'armée territoriale en 1914, pour la plupart des hommes de 42 à 47 ans des classes 1887 à 1892, ceux prévus dès avant guerre, et exercés à ce titre, pour faire partie du service de la garde des voies de communication (plus de 200.000 hommes dans tout le pays), sont convoqués à leurs postes de GVC dès la mobilisation générale.

    Administrativement, ils ne sont toutefois pas rattachés à un régiment d'infanterie de la réserve territoriale, mais au régiment d'infanterie territorial de leur subdivision militaire (ici le 25ème régiment territorial d'infanterie pour Laval).

    Ces postes de GVC sont situés à quelques kilomètres du domicile des hommes qui y sont affectés, quelques dizaines de kilomètres au plus, de façon à ce que les GVC soient en poste, notamment en protection des voies ferrées, le plus vite possible avant que ne commence le flux incessant des trains lors des opérations de mobilisation (transport des mobilisés de leur domicile à leur caserne, puis transport des troupes des casernes vers la frontière). Les GVC de 1914 sont donc en poste dans leur région, tout près de leur ville ou village de domiciliation.

    Vital n'a pas effectué de période d'exercice dans le service de la garde des voies de communication, car il n'est pas affecté à ce service avant guerre, pour cette raison, il ne sera pas mobilisé comme garde des voies de communication (GVC), dès la mobilisation générale d'août 1914 (il a alors 45 ans).

    En fait, comme beaucoup de réservistes de l'armée territoriale8, Vital n'est pas mobilisé du tout en août 1914.

    Selon une première mention de sa fiche matricule3 il est "convoqué au service des GVC le 15 avril 1915. Dirigé sur le 25ème régiment territorial d'infanterie le 25 avril 1915. Campagne contre l'Allemagne du 15 avril 1915 au 25 avril 1915".

    Une seconde mention indique qu'il est "arrivé au corps le 25 avril 1915. Détaché aux travaux agricoles à Louverné du 5 mars 1917. Campagnes : contre l'Allemagne du 25 avril 1915 au 4 mars 1917".

    Selon ces deux mentions Vital est mobilisé du 15 avril 1915 au 4 mars 1917, puis à partir du 5 mars 1917, détaché agricole dans sa commune de domiciliation : Louverné.

    Vital est donc convoqué au service des GVC le 15 avril 1915 (sans doute dans son département en Mayenne), puis dirigé seulement 10 jours plus tard sur le 25ème territorial d'infanterie (sans doute son dépôt à Laval toujours en Mayenne). Sa fiche matricule ne nous apporte aucun détail supplémentaire sur son parcours entre le 15 avril 1915 et le 4 mars 1917. C'est grâce à une série de trois photographies que nous en savons un peu plus...





Vital figure sur ces trois photographies :
  • sur la photographie de groupe ci-dessus, il est le premier homme assis en partant de la droite, seul non moustachu ;
  • sur la photographie ci-dessous, une partie de ces mêmes hommes sont attablés devant la cabane , Vital est debout devant l'ouverture de la porte avec une pipe dans la main gauche et une bouteille dans la main droite.
Sur cette dernière photographie, le photographe a ajouté au tirage une mention qui apparaît en blanc, sous la table : "Poste- G.V.C. Coyolles 1914 - Aisne - 1915".

Les prises de vues sont datées : 1915.
Elles sont localisées : Coyolles dans l'Aisne.
La fonction des hommes est précisée : GVC pour Gardes des Voies de Communication. Les brassards de GVC sont bien visibles sur les trois vues.

Les hommes portent tous au col les numéros des régiments de Laval en Mayenne :
  • soit le numéro blanc du 25ème régiment territorial d'infanterie6
  • soit, comme sur la capote de Vital, le numéro sombre (gris de fer bleuté sur patte de col de fond garance) du 124ème régiment d'infanterie7
Ils sont administrativement tous rattachés au 25ème régiment territorial d'infanterie de Laval et devraient faire partie de la réserve de l'armée territoriale.
Ce sont les dépôts des deux régiments précités qui ont fourni les uniformes de ces hommes.
Ceux-ci doivent donc être tous originaires de Mayenne et rassemblés au sein du poste de GVC de Coyolles dans l'Aisne en 1915.


    Ces trois photographies n'ont sans doute pas été prises toutes le même jour : sur les deux premières, Vital apparaît en capote, en revanche sur la photographie de groupe sur la route il n'a pas les bandes molletières qu'il porte seul devant la cabane ; pour les deux photographies devant la cabane, l'environnement autour de celle-ci est agencé de manière très différente entre les deux vues : au-delà de la table et des chaises, on peut noter les affiches sur la façade de la cabane présentes seulement dans le second cas, et les grosses branches sur le côté droit de la cabane sur la première vue qui ne sont plus là sur la seconde.

    Le dessus de la porte porte deux inscriptions différentes à la craie : "Souvenir de la guerre 1914 1915" dans le premier cas, "1914 1889 1915" dans le second, 1889 étant le millésime de la classe de recrutement des hommes. Nous sommes en 1915, Vital est mobilisé en avril. Sur les vues la végétation est dense, les arbres très feuillus sans feuilles au sol, on semble percevoir quelques fleurs sur le talus mais peu nombreuses, Vital en porte une à sa boutonnière, l'herbe est drue, donc le printemps est peu probable, cependant la végétation n'a pas encore subi les modifications automnales, nous sommes probablement à l'été 1915.

    La mobilisation de Vital le 15 avril 1915 intervient juste après un bouleversement majeur dans l'organisation du service des GVC ; à cette période les effectifs de GVC ont considérablement baissé depuis la mobilisation, les plus âgés, des classes 1887 et 1888 ont été renvoyés dans leurs foyers, les plus jeunes des classes 1890, 1891 et 1892, sont relevés de leur poste de GVC, pour être renvoyés vers les dépôts régimentaires et réaffectés ailleurs. Il ne reste plus que la classe 1889, celle de Vital, pour tenir les postes de GVC dans les régions de l'arrière, dans lesquelles le service a déjà été considérablement réduit9.

    La réduction du service n'est en revanche pas souhaitée dans les régions proches du front, aussi pour permettre le remplacement des GVC relevés tout en maintenant les effectifs de GVC, il est ordonné aux régions de l'arrière, en mars 1915, d'envoyer des détachements de renforts de GVC vers les régions proches du front9. C'est au titre de ces renforts que ces Mayennais sont envoyés occuper un poste de GVC dans l'Aisne.




    Nous avons vu que Vital a été nommé caporal pendant son service militaire, il l'est toujours et porte bien sur les trois vues les deux galons foncés de caporal : sur la manche de sa capote, selon une forme réduite adoptée dès fin octobre 1914, pour réduire leur visibilité ; sur la vareuse de la troisième vue, il porte ces galons à la poitrine, il a pris soin de les blanchir à la craie, pour les rendre plus visibles sur la photographie noir et blanc.
   

    
     Vital est le seul caporal sur toutes ces vues, et seul un autre homme porte une marque de grade.

     Cet homme est à côté de Vital sur les deux vues de groupe, sur la route il est assis juste derrière l'enfant et la main de Vital est posée sur son épaule, devant la cabane il est assis à côté de Vital qui lui sert à boire dans son quart.

     Il porte sur le képi une fausse jugulaire dorée de sous-officier, il s'agit sans doute d'un sergent, ce détail le désigne comme le chef de ce poste de GVC tandis que le caporal Vital RIVIERE est son adjoint. 

     Comme nous l'avons vu Vital n'était pas affecté aux GVC avant guerre et n'a jamais participé à des périodes d'exercices spécifiques aux GVC.

     Le besoin de renforts évoqué plus haut a conduit à sa mobilisation, et en raison de son âge, à son affectation vers les GVC.

     En tant que caporal adjoint de chef de poste de GVC, il lui fallait toutefois une connaissance minimale du service.

     C'est sans doute pour celà qu'il est convoqué d'abord le 15 avril 1915 au service des GVC, celui dépendant de sa subdivision de Laval, probable qu'il y ait reçu une formation accélérée de 10 jours, avant de rejoindre le 25 avril le 25ème régiment territorial d'infanterie, qui est le régiment de rattachement administratif des GVC de la subdivision.

     De là il est envoyé dans l'Aisne avec un détachement Mayennais de renforts de GVC, pour occuper le poste de Coyolles.

     Sa fiche matricule indique qu'il est détaché aux travaux agricoles dans son village de domiciliation à Louverné en Mayenne, à partir du 5 mars 1917. Elle ne précise pas le détail de son parcours entre le 25 avril 1915 et le 4 mars 1917, probable qu'il soit resté avec les GVC dans l'Aisne sur toute cette période (avec peut-être à l'occasion quelques permissions ou permissions agricoles).





Et la moustache de Vital ?

     Sur la photographie de famille avant guerre, ainsi que sur les photographies en uniforme, Vital ne porte ni moustache, ni barbe.

     Les photographies de 1914 donnent l'impression que tous les hommes portent au moins la moustache à cette époque, parmi le groupe de militaires sur la route, Vital est le seul sans moustache, devant la cabane seul l'homme qui est derrière lui est également totalement glabre.

     S'agit-il d'une simple mode quasi généralisée à laquelle seuls quelques hommes font exception ? Ou bien s'agit-il d'une prolifération de moustaches beaucoup moins spontanée qu'on ne l'imagine en général aujourd'hui ?


  
     Ce sont les règlements militaires qui nous apportent les réponses à ces questions :
  • Entre 1890 et 1892 période durant laquelle Vital effectue son service militaire, le règlement sur le service intérieur des corps de troupe d'infanterie stipule10 : "Les officiers, les sous-officiers, les caporaux et les soldats portent, à leur gré, les moustaches et la mouche, ou la barbe entière, celle-ci assez courte pour ne pas masquer les écussons de collet. Le port des favoris seul est interdit." Il est donc probable que Vital ait porté moustache et mouche durant son service militaire, ou peut être même la barbe.
  • En 1914 et 1915, la dernière version du texte en vigueur date de 1913 et précise11 : "Les militaires portent les cheveux courts, surtout par derrière, la moustache avec ou sans la mouche, ou la barbe entière. Pendant les périodes d'exercices, les réservistes ou territoriaux sont autorisés à conserver leur port de barbe habituel, mais ils sont soumis aux mêmes obligations que les militaires en ce qui concerne les cheveux." Au vu de ce texte, en 1915, tous les hommes encore soumis à des obligations militaires devraient porter au moins la moustache, ceci pouvant expliquer la quasi généralisation de celle-ci à l'époque ; la seule exception prévue concernant la taille de la barbe, et encore pendant les périodes d'exercices, pas en période de guerre. La présence d'hommes glabres sur des  photographies de mobilisés de 1914, laisse à penser que ces points du règlement n'étaient pas appliqués à la lettre, du moins pas dans toutes les unités, ceci est constaté aussi pour les barbus, qui sur certaines photographies de guerre portent parfois des barbes extrêmement longues12.
  • Ce n'est qu'en septembre 1916 que ce texte de 1913 est modifié sur ce point par décret13 : après "Les militaires portent les cheveux courts, surtout par derrière, la moustache avec ou sans la mouche, ou la barbe entière." -Ajouter-"ils peuvent également être entièrement rasés." Vital a pu rester entièrement rasé jusqu'à sa démobilisation. 

Coyolles dans l'Aisne

     Le village de Coyolles est situé à environ cinq kilomètres au sud-ouest de Villers-Cotterêts, noeud ferroviaire où se croisent les lignes de chemins de fer d'Amiens à Dijon et de Paris à Soissons, cette dernière passe à environ 1,5 km au sud de Coyolles en pleine forêt de Retz.


Source : gallica.bnf.fr  Titre : Nouveau Plan de la forêt domaniale de Retz (Villers-Cotterets) (Nouvelle édition, revue et augmentée en 1885 Dessiné par A. Fillon) Éditeur : imp. de Lemercier (Paris) - accès à la carte entière en cliquant sur la carte ci-dessus -


   
     Dans la forêt se trouve une petite gare, où une "halte" dessert à la fois Coyolles au nord de la ligne, et Boursonne au sud. Ces bâtiments n'existent plus aujourd'hui, il est toutefois possible de localiser la gare sur des cartes anciennes, et elle est encore visible sur des photographies aériennes prises en 1960 :



Source : GEOPORTAIL
Nom de la mission : C2512-0031_1960_CDP1641_1632
cliché N° 1632 pris le 27/09/1960


La gare était située du côté de la voie d'en face, au niveau de l'actuelle clairière.

Sources :

photographie :
© Google - capture d'écran janvier 2014
date de la prise de vue :
août 2013

vue aérienne : © IGN 2012 – GEOPORTAIL
Longitude :   3° 02' 56.8" E
Latitude :   49° 13' 28.1" N




Emplacement de la halte ferroviaire de Boursonne - Coyolles à environ 1,5 km au sud de Coyolles

Source : gallica.bnf.fr

Titre Carte spéciale des régions dévastées. 33 SO, Soissons [Sud-Ouest] / [Service géographique de l'armée]
Édition du 1er décembre 1920

accès à la carte entière en cliquant sur la carte

Les chiffres 75 M et 285 h indiquent que 75 maisons de Coyolles ont dû êtres réparées ou reconstruites à l'issue de la guerre, et le nombre de 285 habitants.


Coyolles dans la guerre

 
     Fin août 1914, Coyolles est dans la zone de déploiement des troupes du corps expéditionnaire Britannique (B.E.F. : British Expeditionary Force), le passage d'un régiment d'Ecossais est signalé dans l'historique de la commune14, le 2 septembre les Allemands entrent dans Coyolles, qu'ils occupent quelques jours, les Français de la 56ème division d'infanterie reprennent le secteur le 11 septembre, après retrait des Allemands15.

     Par la suite le village, à l'arrière des lignes alliées, est un lieu de passage et de cantonnement de troupes pendant toute la guerre. C'est seulement en avril 1918 que le village est évacué14, avant les dernières offensives Allemandes donnant lieu à des combats et des destructions dans les environs (c'est sans doute à ce moment que les 75 maisons de Coyolles, signalées sur la "carte spéciale des régions dévastées" de 1920 ci-dessus, ont été endommagées). Les Français sont à nouveau définitivement maîtres de la région, à partir de juillet 1918.

Les GVC de Coyolles en 1914



     Cette photographie des GVC de Coyolles ne montre pas les Mayennais des photos ci-dessus, leurs tenues ressemblent plus à celles de la mobilisation, il doit s'agir des hommes, originaires des environs de Coyolles, ayant été affectés à ce poste dès la mobilisation générale de début août 1914, et relevés début 1915 par les Mayennais.


   Sur l'extrait ci-dessus, les hommes portent la tenue conforme à celle prévue, selon les instructions, pour les GVC en poste dans les régions exposées aux incursions de l'ennemi : capote gris de fer bleuté de l'infanterie, pantalon rouge garance (au rendu très sombre sur les photographies noir et blanc), képi garance.



     Sur l'extrait de droite, on s'aperçoit que certains hommes du groupe ont déjà perçu des pantalons dont la couleur apparaît proche de celle de la capote sur la vue noir et blanc (peut être bleutée également), ceci pourrait retarder la date de la prise de vue à la fin de l'année 1914. La végétation, sur la vue complète, montre des arbres non totalement nus, mais au feuillage déjà très dégarni, ce qui tendrait  à confirmer une datation au moins à l'automne.
  

     L'homme à gauche, sur la voie près de la femme, doit être le chef du poste de GVC, il porte au bas des manches un galon de sergent, confirmé par un petit galon sur la poitrine, ce dernier a priori non réglementaire pour ce type de vêtement, est visible néanmoins sur de nombreuses photographies dès l'automne 1914, mais il est porté en général sans les galons de manches (dont le remplacement par des galons plus petits, donc moins voyants face à l'ennemi, est prévu par une décision de fin octobre 1914).



     L'ajout d'un galon réduit à la poitrine, sur une capote ayant conservé ses larges galons de manche d'origine, constitue ici un particularisme peu courant.

     L'homme juste derrière lui porte des galons de caporal, blanchis à la craie pour être parfaitement visibles sur le tirage noir et blanc, il pourrait être l'adjoint du chef de poste. Plus étonnant est la présence sur la droite du groupe, d'un second caporal, et d'un second homme portant un galon au bas des manches, il pourrait s'agir d'un unique galon écarlate de première classe blanchi à la craie, ou bien d'un galon doré de sergent.

    Son positionnement en avant du groupe, près du caporal, en symétrique par rapport au placement du premier sergent, me ferait pencher plutôt pour un sergent, ce qui signifierait que les hommes photographiés pourraient provenir de deux postes de GVC voisins et non d'un seul.

    
Les numéros de régiments sur cols et képis ne sont pas lisibles sur cette photographie, et l'on ne parvient à distinguer les marquages que sur un seul brassard.

      Celui-ci porte un A désignant une section A, suivi d'un 1 pour groupe N°1 de la section A, l'on voit ensuite le G de la mention réglementaire GC (pour garde des voies de communication), le reste, invisible sur la vue, doit comporter encore deux chiffres :
  • le premier désignant le numéro du poste de GVC
  • le second un numéro d'ordre propre à chaque homme du poste, avec le N°1 réservé au chef du poste, le N°2 à son adjoint.
   
   
     Le brassard de Vital est du même modèle avec les mêmes mentions A1 GC ?? , il s'agit donc bien de la même section A et du même groupe 1, le numéro du poste de Coyolles inscrit après la mention GC, reste non visible sur les photographies , de même que le numéro d'ordre individuel de Vital, toutefois Vital étant le caporal adjoint du chef de poste, il doit, selon les instructions, porter le numéro 2, ce qui nous permet de reconstituer partiellement son brassard :


                         

     La photographie de groupe des Mayennais sur la route montre douze hommes, si une partie de ces hommes sont aussi clairement reconnaissables sur la photographie devant la cabane, cette dernière montre tout de même quelques nouveaux visages, ce qui porterait l'effectif total du poste à cette période à au moins une quinzaine d'hommes, peut être plus.

     Les plans de mobilisation, conformes à l'instruction générale de 1910 sur le service de la garde des voies de communication, prévoyaient un effectif de huit hommes pour alimenter une sentinelle double ou une patrouille de deux hommes, assurée 24 heures sur 24, en plus du chef de poste et de son adjoint, ce qui, pour assurer deux services de deux hommes (patrouille ou sentinelle double), nécessite 18 hommes (2  groupes de 8 gardes,  soit 16 hommes, plus chef de poste et adjoint). L'effectif apparent du poste de Coyolles début 1915 d'après ces photographies, semblerait correspondre à une configuration de ce type, avec deux services de deux hommes à assurer en permanence, jour et nuit. 







     Les tenues des Mayennais début 1915 contrastent déjà fortement avec celles de leurs prédécesseurs de 1914 à Coyolles :

  • beaucoup d'entres eux portent encore la capote gris de fer bleuté de l'infanterie de la mobilisation générale d'août 1914, même si celle-ci a parfois perdu une rangée de ses boutons (ci-contre à droite) ;
  • Quelques-uns ont déjà perçu une capote simplifiée de type "Poiret" à une seule rangée de boutons, à noter que les modèles visibles ici sont encore fabriqués dans différentes teintes de bleu foncé, et non pas encore de bleu clair ou bleu horizon (ci-contre à gauche) ;
  • Presque tous portent des nouveaux képis bleu horizon qui apparaissent très clairs sur les photographies ;
  • Les pantalons sont très disparates, typiques des dotations de 1915 (même dans les unités en première ligne), en différentes teintes de toile ou drap de laine, ou même en velours côtelé comme celui de Vital;
  • Les différentes vestes visibles sur la vue devant la cabane, de coupe de type militaire à col droit mais confectionnées dans différents types de tissus sont également typiques de cette période, surtout chez les hommes de "l'arrière".

     Pour les armes, les GVC devaient être dotés de vieux fusils "Gras", modèle 1874 modifié en 1880, tirant à un coup une cartouche métallique de calibre 11mm, avec leur épée-baïonnette "Gras" modèle 1874 à lame droite, visible sur les hommes du second plan sur la photographie de groupe sur la route, et discernable par la porte ouverte, sur le mur intérieur au fond de la cabane sur la photographie de Vital seul devant celle-ci.

     Cependant les deux hommes à gauche et à droite du premier plan du groupe sur la route (dont celui ci-dessus à droite) ont perçu des armes blanches encore plus anciennes puisqu'ils portent le sabre-baïonnette à lame à double courbure de type "Chassepot" adopté en 1866 soit 49 ans plus tôt, juste quelques années avant la naissance de ces hommes.

Victor, le fils aîné de Vital, est mobilisé


    Vital, mobilisé en avril 1915, n'est pas le seul mobilisé de la famille, son fils aîné : Victor, est mobilisé dès le 1er septembre 1914. Sa fiche de registre matricule indique : "incorporé au 115e régiment d'infanterie au 1er septembre 1914, arrivé au corps et soldat de 2ème classe le 4 septembre".



     Victor Ernest RIVIERE est né le 11 mai 1894 à Laval. Sur sa fiche de registre matricule, il est indiqué qu'il est blond, aux yeux roux16. Il mesure 1m68. Le portrait ci-dessus est réalisé avant guerre, le même jour que la photographie de famille publiée au début de cet article, sur laquelle il figure également (même lieu, mêmes vêtements, mêmes outils positionnés sur le mur).

     Victor prend 20 ans en 1914, il est donc de la classe 1914, dont les membres sont examinés en conseil de révision entre mars et mai 1914, sont incorporés entre le 15 août et le 1er septembre 1914 et commencent à rejoindre le front dès décembre 1914 17.

     Victor rejoint le 115e régiment d'infanterie caserné en partie à Mamers en 1914 7.



     Sur la photographie ci-dessus à droite, il se fait photographier pendant sa période d'instruction, la photographie est en effet réalisée en studio, en arrière plan une toile peinte sert de décors, sa tenue est celle de la mobilisation de 1914, il ne porte pas encore ses galons de caporal, grade auquel il sera nommé, le même que celui de son père Vital (aucune mention n'en est faite sur sa fiche de registre matricule).

    Le Journal de Marche et des Opérations du 115ème régiment d'infanterie 18 évoque à deux reprises fin 1914 l'arrivée de "jeunes soldats" :
  • au 21 novembre 1914 : "Affectation des jeunes soldats qui ne doivent aller aux tranchées que successivement."
  • au 6 décembre 1914 : "exercices dans l'après-midi pour les sous-officiers chefs de section, les caporaux candidats sous-officiers et les jeunes soldats."
  • au 31 décembre 1914 : "Cantonnement à Sarry. Le Lieutenant Chévrier et le Sous-Lieutenant de Réserve Lebocq arrivent du Dépôt avec un renfort composé de douze sous-officiers, 16 caporaux, 163 anciens soldats et 107 jeunes soldats (au total 300 hommes)."
    Composé essentiellement de Sarthois et Mayennais à la mobilisation, le 115ème RI combat fin décembre à Maricourt dans la Somme. Il embarque le 28 décembre 1914 en train pour la Marne où il cantonne à Sarry jusqu'au  5 février 1915 19. Le régiment ne connaît pas de combat durant cette période de cantonnement, ponctuée d'exercices, de revues et de remises de médailles, il est toutefois frappé par la rubéole : les premiers cas sont signalés entre les 8 et 10 janvier 1915, et le 22 janvier l'ambulance du corps d'armée s'installe sur place à Sarry pour soigner les rubéoleux et recueillir des convalescents sortant de l'hôpital de Châlons 18.

    Victor a posté la carte-photo ci dessous le 25 janvier 1915 de Chambéry,  il précise qu'il s'agit de la chambre d'hôpital dans laquelle il est hospitalisé, il invoque une douleur au cou l'obligeant à garder la tête légèrement penchée au moment de la photographie, il indique que le lendemain il quitte cet hôpital pour aller un ou deux jours à Aix-les-Bains avant d'ensuite rejoindre le dépôt de son régiment.




    Avant le 25 janvier 1915 Victor a donc déjà été évacué vers un hôpital de l'arrière loin de son régiment, il ne fait pas partie des malades soignés sur place dans la Marne, son évacuation, sa douleur au cou, sa présence dans une chambre de blessés dont certains portent des bandages,  évoquent plutôt une blessure, or son régiment  ne combat pas depuis le 28 décembre, ce qui laisse supposer que Victor  faisait vraisemblablement partie du premier contingent de jeunes recrues arrivé  en renfort dès le  21 novembre 1914, exposé aux combats de fin décembre dans la Somme.

    De retour au dépôt de son régiment, il rejoindra ensuite celui-ci au front.

    A partir du 25 septembre 1915, le 115ème participe aux offensives de Champagne, et à plusieurs assauts lancés jusqu'au 6 octobre 1915. Le régiment entame à partir du 9 des travaux d'organisation du terrain occupé 18 dans le secteur de l'Epine de Vedegrange 20, ses positions sont bombardées chaque jour. Pour la journée du 9 les pertes s'élèvent à 5 tués, 41 blessés et 2 disparus.
    Dans cette zone le régiment occupe uniquement la lisière sud du "Bois Carré", il est décidé de s'emparer d'une crête qui sépare le régiment de l'ennemi de façon à pouvoir progresser jusqu'à la lisière nord du "Bois Carré" et y aménager plusieurs lignes de défenses : une ligne 1, une ligne 1 bis, enfin une ligne de soutien ; la prise de la crête est assurée par la 5ème compagnie du 115ème RI dans la nuit du 9 au 10 octobre, ensuite les travaux se poursuivent. Pour le 10 octobre les pertes sont listées à 11 tués, 33 blessés, 1 disparu.

     Victor RIVIERE est déclaré tué à l'ennemi, le 9 octobre 1915, à l'Epine de Védegrange (Marne), il avait alors 21 ans. Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Louverné (Mayenne), commune de résidence de sa famille pendant la guerre. Il repose à la Nécropole Nationale de Somme-Suippes dans la Marne.


Monument aux Morts de Louverné photographié le 22 mars 2014


Vital retourne en Mayenne


    Vital est détaché aux travaux agricoles à Louverné, lieu de résidence de sa famille, à partir du 5 mars 1917. Il est possible qu'il soit resté GVC dans l'Aisne jusqu'à ce détachement, soit durant presque deux ans.

     Ces détachements aux travaux agricoles sont introduits début 1917. Au 1er juillet 1917 ils concernent déjà environ 130.000 hommes, pour dépasser l'effectif de 300.000 avant le 1er janvier 1918 8 (à ne pas confondre avec les permissions agricoles et les équipes agricoles, qui existent depuis 1914 et sont liées en général à des travaux  ponctuels ou saisonniers).

    Il retrouve à Louverné son épouse et ses plus jeunes enfants, et retourne travailler dans les fermes jusqu'à la fin de la guerre.

    Vital continue d'exercer le métier d'ouvrier agricole après la guerre. En 1921, le recensement le situe à la ferme de la Juberdière à Changé-Les-Laval où il restera au moins jusqu'en 1931, d'abord avec son épouse et ses trois enfants (Marcel, Marie-Louise et Auguste), et à partir de 1927, avec Marcel son fils, l'épouse de celui-ci et la fille de son épouse. Marcel décède à la Juberdière en 1931. C'est Auguste quipoursuivra l'exploitation à la Juberdière en 1937.

     Vital s'éteint en octobre 1935 à la ferme de la petite Pironnière à Changé, son épouse Marie en septembre 1948.

   
   

Vital et Marie

vers 1927


vers 1930


Vital

vers 1934/1935






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Notes


1.    Les photographies de cet article sont la propriété de la famille de Monsieur Vital RIVIERE, à l'exception de celle des GVC devant la gare de Coyolles, qui est la propriété de Monsieur Alain JACONO. Leur réutilisation est interdite sans l'autorisation de ces propriétaires.

2.
     Julien Rivière a beaucoup changé de lieu d'habitation, tout en restant dans la même petite région de l'Est de la Mayenne et de l'Ouest de la Sarthe, au Nord de Sillé-le-Guillaume : en 1855, Augustine naît dans la Sarthe à Rouessé-Vassé  (les Briandières), comme Julien en 1858 (la Timonière), Clémentine en 1860 (La Timonière). Louis naît en Mayenne au Ham (La Boutevillière) en 1864, comme Marie-Louise en 1867 (La Boutevillière), Vital à Villaines-la-Juhel (Saint-Georges-de-Villaines), Victor à Averton (Roches Plates).
         La liste de recensement les montre en 1856 à Rouessé-Vassé, à "la Timonière" avec Augustine, au même lieu en 1861 avec Augustine, Julien et Clémentine, au Ham en 1866 à "la Boutevillière", avec Augustine, Julien, Clémentine et Louis, puis en 1872 à Averton au lieu-dit "Roches Plates" avec Augustine, Marie, Clémentine, Louis, Marie-Louise, Vital et Victor. En 1876, ils sont à la "Maison Neuve" avec leur quatre derniers enfants. En 1881 ils sont à "La Richardière" avec Vital et Victor, où on les retrouve en 1886 seulement avec Marie-Louise et Victor, toujours à Averton. L'acte de mariage d'Augustine les situe encore à Averton en 1890, mais ils n'y sont pas recensés en 1891, ni à Nuillé-sur-Vicoin comme l'indiquent les fiches de registre matricule de Vital et Victor.

3
.     Source : Archives départementales de la Mayenne - Canton Laval-Est - Registre R1371 - Classe 1889 - page d'accueil des archives départementales de la Mayenne en ligne.

4.     Recensement de 1896 à Montigné-le-Brillant, lieu-dit "les Prés" avec Marie son épouse et son fils Victor ; source archives départementales de la Mayenne en ligne.

5.     Recensement de 1906 avec ses fils Victor et Marcel, à la ferme de "La Blancherie", puis de 1911 avec ses enfants Victor, Marcel et Marie-Louise à Nuillé-sur-Vicoin. Ils sont toujours à la ferme de "La Blancherie" ; source archives départementales de la Mayenne en ligne.

6.     Le 102ème régiment d'infanterie est caserné à Mayenne pendant les années de service militaire de Vital de 1890 à 1892. Tandis que le 101ème régiment d'infanterie et son régiment de réserve le 301ème, au sein desquels Vital effectue ses deux premières périodes d'exercice en 1895 et 1899, sont localisés à Laval durant les années 1890.
Voir  la carte ci-dessous en 1892 et également l'Almanach hachette de 1895 disponible sur gallica.bnf.fr (cliquez ici pour lien direct vers la page concernée).
      Le 25ème régiment territorial d'infanterie est déjà, et sera encore pendant la Grande Guerre, situé à Laval, Vital y exécute sa troisième période d'exercice en 1904.
La 4ème région militaire en 1892


D'après la carte de "répartition et emplacement des troupes de l'armée française", dressée par Ch. Lassailly, éditeur H. Le Soudier (Paris) 1892.

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France ; accès à la carte complète sur gallica en cliquant sur l'extrait de carte ci-dessus.



        
7.    Avant la Grande Guerre les 101ème et 102ème régiments d'infanterie prennent quartiers, pour leur portion centrale et leur dépôt, respectivement à Dreux et Chartres, tandis que leur portion principale (en général la plus grosse partie de la troupe du régiment) rejoint des casernements dans la zone du Gouvernement Militaire de Paris, ceci par permutation avec les 124ème et 130ème régiments d'infanterie qui rejoignent respectivement Laval et Mayenne.

        De la même façon le 115ème régiment d'infanterie caserné à Alençon en 1892, sera localisé en 1914, à Mamers pour sa portion centrale et son dépôt, dans la zone du Gouvernement Militaire de Paris pour sa portion principale, ceci par permutation avec le 103ème.

Localisations en 1914 d'après "Répartition et emplacement des troupes de l'armée Française" - Ministère de la guerre - 1er mai 1914 - Imprimerie Nationale.

exemplaires originaux disponibles :
  • cinq exemplaires disponibles en consultation sur place à la bibliothèque "Armée de Terre" du service historique de la défense à Vincennes - cote des cinq exemplaires : 100409 à 100413 - accès au catalogue en ligne ici
  • Archives départementales d'Indre et Loire - Tours - AD37 cote 1R8. Relevé de cote par Arnaud Carobbi que je remercie ici pour m'avoir signalé cette source.
Pour comprendre en quoi consiste chaque portion d'un régiment, voici les définitions données par le "MEMORANDUM DU CHEF DE DETACHEMENT ET DE L'OFFICIER D'APPROVISIONNEMENT" par le Capitaine Charles Charton, au 10e régiment de chasseurs - Sampigny, 3ème Edition 1914 - Editeur Henri CHARLES LAVAUZELLE - TITRE Ier - GENERALITES (page 1, disponible sur Gallica : accès direct à la page de l'ouvrage original sur gallica ici ) :
   
    "Qu'entend-on par portion centrale ?

    La portion centrale d'un corps de troupe est celle où fonctionne le conseil d'administration lorsque le régiment est fractionné.

    Qu'entend-on par portion principale ?

    La portion principale d'un corps de troupe est celle que commande directement le chef de corps lorsque, le régiment étant divisé, il ne réside pas à la portion centrale, c'est à dire où fonctionne le conseil d'administration.

    Qu'appelle-t-on dépôt ?

    On appelle dépôt le détachement du corps stationné dans la garnison où se trouvent les approvisionnements de réserve destinés au corps, lorsque ceux-ci ne se trouvent pas dans le lieu de garnison du régiment."

8.   Selon le rapport du député Louis MARIN à propos des pertes au cours de la Grande Guerre (disponible en ligne sur gallica dans le N° 19 des "ARCHIVES DE LA GRANDE GUERRE" publié en 1921 ) :
  • si 6.630.000 hommes de troupe ont été mobilisés au cours de la guerre dans le service armé (dont 766.000 déjà sous les drapeaux au 1er août 1914), seuls 2.810.000 ont été incorporés entre le 1er et le 15 août 1914, dont 1.100.000 de l'armée territoriale (A.T.) et de la réserve de l'armée territoriale (R.A.T.), suivis de 1.008.000 hommes incorporés entre les 16 août et 30 septembre 1914, de 726.000 du 1er octobre 1914 au 31 janvier 1915, de 549.000 du 1er février au 30 juin 1915 (période d'incorporation de Vital RIVIERE), etc. (voir page 43) ;
  • pour la classe 1889 : sur 254.000 hommes vivants à la mobilisation, 156.000 (soit 61,4 %) ont servi dans l'armée de terre au cours de la guerre (voir page 45).
  • pour la classe 1889 : les pertes définitives au 1er août 1919 (morts et disparus) s'élèvent à 5.250 hommes soit environ 3,3% du nombre de mobilisés de cette classe (voir page 207)
  • à propos des détachements agricoles à partir de 1917 voir texte page 46 et page 49, et tableau page 50 (colonne 5 "Mobilisés agricoles")

9.   Voir à ce sujet l'article : "LES REGIONS DE L'ARRIERE ENVOIENT DES RENFORTS DE GVC PRES DU FRONT"

10.   Gallica : "Ministère de la guerre - Décret du 20 octobre 1892 portant règlement sur le service intérieur des troupes d'infanterie. Edition mise à jour, des textes en vigueur jusqu'au 1er août 1898 - Art. 280"

11.   Gallica : "Ministère de la guerre - Décret du 25 août 1913 portant règlement sur le service intérieur des corps de troupe d'infanterie et du génie. - Art. 331"

12.   Voir sur ce point une discussion du Forum pages 14-18 qui débute comme un amusement avec des photographies d'hommes très barbus, et qui ensuite fait le tour d'une grande partie des règlements militaires en vigueur sur ces questions de la tenue des cheveux moustaches et barbes, merci au passage à tous les contributeurs du forum ayant alimenté cette discussion celle-ci m'a fait découvrir une partie des textes de référence sur ce sujet.

13.   Gallica : Bulletin des lois de la République française - Imprimerie nationale - ANNEE 1916 - page 1559 N°10266 Décret du 21 septembre 1916 modifiant le décret du 25 août 1913 sur le service intérieur des corps de troupe. -Art. 331"

14.   Voir sur ce point l'histoire de Coyolles par Monsieur Alain JACONO accessible par le site officiel de la Mairie de Coyolles : www.coyolles.com - aller dans les menus : Histoire, puis Lien vers Archives et média, puis Histoire de Coyolles : chapitre La guerre de 14-18.

15.   Voir le Journal de Marche et des Opérations (JMO) de la 56ème division d'infanterie -cote 26N370/1 des archives du Service Historique de la Défense (SHD), consultable en ligne sur le site Mémoire des Hommes, à la page du 11 septembre 1914 accessible ici.

16.   Voir à ce sujet l'article d'Arnaud CAROBBI, sur les instructions précisant les descriptions des mentions de signalement portées sur les fiches matricules :  LE  PARCOURS DU COMBATTANT DE LA GUERRE 1914 1918  La fiche matricule (3)
Ainsi que les échanges sur le Forum pages 14 18 qui ont permis d'éclairer cette notion.

17.   Voir le rapport du député Louis MARIN à propos des pertes au cours de la Grande Guerre (disponible en ligne sur gallica dans le N° 19 des "ARCHIVES DE LA GRANDE GUERRE" publié en 1921 ) :
  • 292.000 hommes de la classe 1914 ont servi au cours de la guerre, sur 318.000 inscrits au premier conseil de révision de cette classe, soit 91,8% d'hommes ayant servi par rapport aux inscrits (voir page 47 )
  • pour la classe 1914 : les pertes définitives au 1er août 1919 (morts et disparus) s'élèvent à environ 85.200 hommes soit environ 29,2% du nombre de mobilisés de cette classe (voir page 207)
18.   Voir le Journal de Marche et des Opérations (JMO) du 115ème régiment d'infanterie - volume du 5 août 1914 au 20 mars 1917 - cote 26N681/14 des archives du Service Historique de la Défense (SHD), consultable en ligne sur le site Mémoire des Hommes :
19.   Voir  "HISTORIQUE DU 115e REGIMENT D'INFANTERIE 1914-1918" IMPRIMERIE GABRIEL ENAULT - MAMERS 1920 -
exemplaire de la BIBLIOTHEQUE DE DOCUMENTATION INTERNATIONALE CONTEMPORAINE (BDIC), cote
Q 2324,
disponible en lien depuis le site du Service Historique de la Défense.

20.   Voir le site internet "FRONT DE CHAMPAGNE 1914-1918" qui comporte par son menu "iconographie" un lien vers la carte d'état-major du secteur de l'Epine de Vedegrange.
; pour localiser le "Bois Carré" : la carte s'ouvre sur St-Souplet il faut descendre sur la carte par la route au sud-est de St-Souplet qui part plein sud vers St-Hilaire-le-Grand qui est tout en bas de l'extrait de carte, regarder en chemin à droite de la route sur la carte et vous commencerez à voir les mentions des "Bois" : B.Clair, B. en T, B.Rabot, B. en S, puis B. Carré.


Si vous reconnaissez Vital, Marie, ou Victor sur d'autres photographies,
Si vous avez et souhaitez partager d'autres photographies des GVC de Coyolles,
Si vous avez des remarques, suggestions, impressions, commentaires, envie de contributions, questions ?

n'hésitez pas à en faire part à l'auteur à l'adresse  gvc1418@gmail.com